Couleurs de chez nous : Profession Taximan

Samedi 10 Mars 2018 - 10:45

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Voici une profession qui cristallise tous les regards, critiques et commentaires. D’abord parce que ceux qui l’exercent semblent ne pas prendre la mesure de leur position sociale. Ensuite, parce qu’ils ont remis leur destin entre d’autres mains. On citera l’initiative de leur immatriculation à la sécurité sociale qu’ils avaient boudée faute de s’y opposer. Bref ! Le taximan congolais est, par son comportement, un véritable sujet de société comme s’en sont inspirés les musiciens, les peintres, les écrivains et, de plus en plus, les médias.

Sans verser dans l’injure, on peut reprocher l’inculture aux gens de cette profession. Nombreux parmi eux ont la peine à situer les destinations exigées par les passagers surtout lorsqu’il s’agit des sites officiels tels des ministères, ambassades et autres. Il est plus facile pour le taximan de Brazzaville de conduire son « client » chez le ministre X, le général Untel, à une célèbre église de réveil ou au très fréquenté « VIP » du coin de la ville que d’aller à l’Anac, à l’Inrap, à l’Asecna, à l’Enam ou à l’Institut supérieur de gestion à Mpila.

Le manque de savoir-vivre est aussi cité comme griefs. Il arrive qu’un taximan s’arrête à un endroit pour échanger avec un collègue, un proche ou pour laisser descendre un autre passager qui veut faire ses achats pendant que les autres attendent dans le taxi. Ça se passe chez nous ! Sans compter l’escale qu’il se permet pour remettre « l’argent du marché » à sa conjointe ou la recette de la veille à son « patron » alors que des passagers sont à bord. Que de débats sur les radios ou la musique proposés aux passagers à bord. Si ce n’est la prière, c’est une musique casse-tête ou soporifique. Exceptionnels sont ceux qui vous demandent votre préférence ou fréquence d’écoute.

S’ajoute à cette liste noire la confidence inutile. En effet, le taximan de chez nous n’hésite pas de solliciter l’avis de son passager sur un différend qui l’oppose à sa femme ou à une tierce personne dans le genre : « Excuse-moi mon grand ! J’ai besoin de ton conseil au sujet de ma femme qui se permet de… »

Autre trait : l’indiscrétion. Comme ils savent tout sur tous, les conducteurs de taxis se plaisent à indiquer à leurs passagers, sous forme de dénonciation, des résidences des personnalités publiques ou celles de leurs épouses et parents. On entend souvent : « Cette villa appartient au cousin du ministre Y.»

Au-delà de louables services qu’ils nous rendent, il faut leur reprocher l’autodérision : cette attitude qui consiste à se moquer de soi-même. Le taximan brazzavillois est peu fier de lui-même et de sa profession. Malgré des années passées au volant, il rêve toujours de faire autre chose. Mais quoi ?

Bien se présenter n’est pas, non plus, dans le logiciel du taximan de chez nous. On se rappellera la résistance que la corporation engagea, il y a quelques années, quand les pouvoirs publics décidèrent d’un uniforme pour cette profession. Appelé à côtoyer les grands et les petits de la société, le taximan oublie pourtant qu’il a un métier de relations et qu’il sert de « guide » pour ses concitoyens et les étrangers. À suivre…/-

 

 

Van Francis Ntaloubi

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