Bernard Magnier : « Sony est un auteur connu mais hélàs, peu lu… »

Samedi 9 Mai 2015 - 10:00

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Le journaliste et écrivain français Bernard Magnier, directeur de la collection « Lettres africaines » aux éditions Actes Sud, évoque son amitié avec l’écrivain Sony Labou Tansi dont on célèbre cette année le vingtième anniversaire de la mort.

Les Dépêches de Brazzaville : Sony Labou Tansi demeure–t-il un auteur méconnu ou inconnu ?

Bernard Magnier : Je dirais plutôt que Sony Labou Tansi est un auteur connu mais, hélas, peu lu. On connaÎt son nom, la place qu’il a pu occuper, ses engagements politiques. Il est mentionné dans tous les ouvrages et anthologies. Il est cité par un grand nombre d’écrivains africains comme l’un de leurs auteurs de référence. Mais il est vrai que ses livres sont peu lus désormais et que peu de ses pièces sont représentées. Le vingtième anniversaire de sa mort et les commémorations qui l’accompagneront vont sans doute susciter des initiatives. Je le souhaite vivement.

L.D.B : Romancier, poète, metteur en scène… pouvons nous dire que Sony incarnait la richesse et la diversité de la littérature contemporaine ?

B.M : Ce n’est pas tant le fait de s’exprimer dans différents genres littéraires qui fait sa force, beaucoup d’autres le font. C’est davantage son originalité. La puissance de sa langue, les points de vue adoptés, la façon unique qu’il avait de provoquer le lecteur, de le déstabiliser, de lui offrir un dérangement salutaire.

      L.D.B : Vous souvenez-vous de la première fois que vous l’avez vu ?

B.M : Oui, c’était à Lomé en 1980, à l’occasion d’un salon du livre ou d’un festival. Par la suite, nous nous sommes vus très souvent lors de ses passages à Paris, ou pour le festival des francophonies de Limoges ou encore à Brazzaville, lorsque j’avais l’occasion de m’y rendre.

L.D.B : Comment s’était faite votre rencontre avec l’auteur ?

B.M : C’est avant tout une rencontre de lecteur. J’ai lu, en 1979, La Vie et demie, que j’ai reçu comme un choc. J’ai immédiatement rédigé un article très enthousiaste et j’ai souhaité entrer en contact avec l’auteur, lui poser des questions, le rencontrer. Je lui ai écrit. Il m’a répondu très rapidement et nous avons échangé avant de nous rencontrer en 1980. Dès lors, j’ai suivi son travail d’écrivain et de dramaturge et nous sommes devenus amis jusqu’à sa mort.

     L.D.B : Plusieurs auteurs se revendiquent de son école…

B.M : Oui certains avec raison et talents, d’autres ont parfois la filiation un peu… distante.

Propos recueillis par Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

L'éditeur Bernard Magnier ©DR