Bon voisinage

Dans le moment très particulier que nous vivons aujourd’hui, où la constitution d’une véritable communauté du Bassin du Congo devient un enjeu majeur, il est essentiel que les pays de la région entretiennent des relations de confiance. Essentiel donc qu’ils mettent en place les mécanismes et les procédures qui les mettront à l’abri de dérapages aussi néfastes que dangereux pour leurs populations respectives

Cet appel en faveur du bon voisinage n’est pas motivé seulement par l’incident qui s’est produit la semaine dernière à la frontière de l’Angola et du Congo. Il l’est tout autant, sinon plus, par la situation qui règne depuis des décennies entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, la Centrafrique et la RDC, le Gabon et la Guinée équatoriale, l’Angola et la RDC, sans parler des incidents moins visibles qui se produisent ici et là sur toute l’étendue de l’Afrique centrale... Des conflits plus ou moins larvés qui résultent directement du découpage artificiel et contre nature des territoires auquel se livrèrent les puissances occidentales sans la moindre considération pour les peuples concernés lorsqu’elles colonisèrent cette partie de l’Afrique.

S’il est impossible de réécrire l’Histoire en rectifiant les frontières, il est possible, en revanche, de bâtir un mécanisme de prévention des crises territoriales qui évite les tensions, voire les affrontements entre États. N’est-ce pas ainsi que l’Europe sut mettre un terme, au milieu du vingtième siècle, à un millénaire de conflits sanglants entre les pays qui la composent et devenir du même coup l’une des premières puissances mondiales ?

Le temps est certainement venu pour les nations du Bassin du Congo de s’engager sur cette voie. Non en discourant à perte de vue comme elles l’ont fait jusqu’à présent, mais en jetant les bases d’une véritable communauté capable de résoudre les conflits plus ou moins larvés qui la divisent aujourd’hui.

D’où cette question : notre pays n’est-il pas bien placé aujourd’hui pour lancer un tel débat en prenant l’initiative d’une rencontre à très haut niveau qui permettrait d’aborder de front les questions qui fâchent et de jeter ainsi les bases d’une véritable communauté régionale ?