Cinéma : coup de projecteur sur Sébastien Kamba, le doyen

Samedi 2 Mai 2015 - 19:22

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À 72 ans d’âge, Sébastien Kamba est assurément le doyen de tous les cinéastes du Congo. Bien qu’admis à la retraite depuis 2001, il reste toujours actif avec à son actif plus de 50 ans au service de la caméra. Sa préoccupation à l’heure actuelle est la formation des jeunes cinéastes congolais qui ne bénéficient d’aucun soutien.

Agent de la télévision nationale depuis 1963, année à laquelle il est admis à un concours professionnel qui l’a amené en France pour une formation au niveau supérieur, Sébastien Kamba a commencé réellement à exercer en 1964. À l’époque, il avait 24 ans. C’est à cette époque qu’est né également le cinéma avec l’arrivée de la télévision, explique-t-il. Aujourd’hui, cela fait plus de 50 ans qu’il exerce ce métier. Il est non seulement le premier cinéaste congolais, mais il est aussi parmi les premiers cinéastes africains des années 1960, notamment avec les Sembene Ousmane, Trimitry Bassouri, Djoson Traoré, Oumarou Ouganda, Kaboré… Il a signé pour le compte de la République du Congo, en 1970, la création du festival panafricain du cinéma (Fespaco).

C’est dans les années 1965 que ce grand réalisateur congolais a commencé, par une série des courts métrages dont le premier a été « Kaka yo » qui a remporté la médaille d’argent au festival du film amateur à Cannes en 1967. Cette distinction lui rapporte beaucoup de satisfecit jusqu’aujourd’hui. S’en est suivi « Mwana keba » avant qu’il ne réalise son premier long métrage en 1973 « La rançon d’une alliance » qui est tiré du roman de Jean Malonga, qui est classique du cinéma africain, qui a été plébiscité par le Musée de la Moderne de New-York comme classique et qui est resté cinq ans aux États-Unis. Sébastien Kamba est dans la rare classe des cinéastes africains qui ont des films dans ces milieux culturels de haut niveau.

Ses débuts dans le monde du cinéma

La vie de tout un chacun est liée à des paramètres donnés. Le jour où Sébastien Kamba allait pour la formation à la télévision, il ne connaissait absolument rien en la matière. C’est quand il arrive sur le lieu de  la formation qu’il découvre que les éléments mis à sa disposition pouvaient lui permettre de s’exprimer valablement. C'est là que sa sensibilité pour la caméra s’est éveillée...

Pendant ces dix dernières années, Sébastien Kamba a réalisé beaucoup de documentaires : « L’habitat pygmées », réalisé avec le Cirtef en 2002 ou « Madame Ibouna la femme albinos » en 2002 pour ne citer que ceux-là. Pourtant bien d'autres documentaires lui paraissent importants à l'instar des documentaires historiques. Son dernier documentaire important, c’est celui réalisé lors des festivités marquant la fête de l’indépendance de la République du Congo à Sibiti dans le département de la Lékoumou, dont il est originaire.

Après tant d’années dans le cinéma, sa préoccupation aujourd’hui est de former les jeunes cinéastes. Parce que, pense-t-il, on n’a un mal à pouvoir passer le témoin aux jeunes. mais il reconnaît que nombreux qui font des films aujourd’hui ont bénéficié de son encadrement : Claudia Haïdara, Rufin Mbou, Amour Sauveur, Alain Nkodia…

Sa lecture du cinéma congolais

Quand on soulève cet aspect devant lui, Sébastien Kamba ne retient pas sa douleur. Bien qu’on parle du pétrole ou du bois, le Congo- Brazzaville est un monde de la culture, même si elle reléguée au second plan, s’exclame-t-il. Heureusement ajoute-il que dans ce pays, il y a des jeunes qui se battent et le cinéma congolais existe grâce à ces jeunes. Il déplore le fait que l’État ne prend pas en compte des cinéastes alors que ces derniers dépendent du gouvernement. Mais, en dépit de cela, le cinéma congolais reste concurrentiel au niveau mondial. Car, les réalités congolaises sont particulières. Aucune ressemblance avec les autres pays, et c’est là où il y a la compétitivité. Ne dit-on pas que les chefs-d’œuvre commencent d’abord dans le pays d’origine avant qu’elles ne soient plébiscitées dans d’autres pays ? « Quand je parle du cinéma, je vais de la fiction aux documentaires. Quant compte du fait qu’il y a eu un peu d’incompréhension en matière des films, je me suis retranché dans les documentaires. »

Sébastien Kamba a dans sa carrière arraché plusieurs distinctions dont celle obtenue en 1975, lors du festival de l’Urtna en Côte d’Ivoire. C’était le premier Prix Houphouët Boigny sur son film documentaire « Le corps et l’esprit ». Pour la petite histoire, ce film avait été disqualifié parce que Sébastien Kamba n’avait pas respecté les contraintes diffusables. Il fallait présenter un film de moins de 30 minutes. Cependant quand le jury s’est mis à visionner tous les films programmés, il s’est rendu compte qu’il n’y a aucun film qui donnait satisfaction. C’est en ce moment qu’il a décidé de regarder le film documentaire de Sébastien Kamba intitulé « Le corps et l’esprit ». Après avoir regardé son film, le jury a unanimement décidé de donner le premier prix Houphouët Boigny à Sébastien Kamba. Et quand la Radio France internationale (Rfi), annonce que le Congo-Brazzaville a remporté le premier prix, personne n’a cru.

Sébastien Kamba a été également directeur de la presse présidentielle de 1982 à 1992. Il est officier du dévouement congolais depuis 2010 à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Congo.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : le premier cinéaste congolais Sébastien Kamba s'entretenant avec un journaliste des Dépêches de Brazzaville Photo 2 : le premier cinéaste congolais Sébastien Kamba