Diplomatie : la tension monte entre Kinshasa et Bruxelles

Samedi 28 Février 2015 - 13:00

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Lambert Mende Omalanga a fustigé, dans une mise au point, les propos tenus par le ministre belge Alexander De Croo qui avait, lors de son dernier passage à Kinshasa, dénoncé des mesures prises par le gouvernement congolais au lendemain des troubles du 19 et 20 janvier.

Entre la Belgique et la RDC, la méfiance s’est de nouveau installée. L’escalade verbale qui caractérise depuis quelques temps les relations diplomatiques entre les deux pays témoigne de leur subite dégradation à l’approche de la tenue des élections en RDC. Les déclarations jugées intempestives et excessives par le gouvernement congolais du ministre belge de la coopération au développement Alexandre De Croo lors de son récent séjour à Kinshasa en rapport avec les enjeux politiques en RDC, seraient la goutte d’eau qui a débordé le vase.  S’érigeant en donneur de leçon, l’officiel belge qu’accompagnait son collègue des affaires étrangères Didier Reynders s’est illustré par des remontrances à l‘endroit du régime Kabila épinglant au passage, les violations de droits de l‘homme à la lumière des tristes événements du 19 et 20 janvier dernier.

« La situation face à laquelle nous nous trouvons, avec son lot d'arrestations, de justice arbitraire et d'interruption de l'internet mobile et du trafic des SMS n'est pas tolérable », avait-il déclaré dès son arrivée à Kinshasa avant d’enfoncer le clou à la résidence de l’ambassadeur de Belgique en RDC lors d’une rencontre restreinte avec des journalistes. « Nous ne pouvons pas accepter le statu quo des dernières semaines en RDC », avait-il martelé. Ces mots de trop à la limite de la provocation avaient suffi pour jeter l’émoi dans la classe politique congolaise. Si certains, notamment les leaders de l’opposition et de la société civile ont applaudi de deux mains ce réquisitoire sévère d’Alexandre De Croo estimant que la Belgique venait par là de clarifier sa position, d’autres cependant y ont perçu des relents paternalistes déjà révolus.

C’est dans ce contexte que le porte-parole du gouvernement est monté au créneau pour tenter de recadrer le débat et « ramener Alexandre de Croo à sa place ». Dans une lettre ouverte publiée récemment dans la presse kinoise, Lambert Mende s’est dit choqué par les mots prononcés par l‘officiel belge. « On aurait pu mettre les propos vitriolés dont le gouvernement qui vous recevait a été gratifié sur le compte de ce mimétisme colonial par procuration auquel d'autres émissaires belges en d'autres temps nous avaient habitués », a-t-il réagi en faisant clairement allusion à Karel De Gucht, un ex-ministre libéral flamand des Affaires étrangères qui, en son temps, s’était aussi illustré par ces genres d’attaques au point de provoquer une grave crise entre Kinshasa et Bruxelles.

Pour Lambert Mende, il est étonnant que l’officiel belge soit ému du fait de l’interruption de l’Internet mobile et des réseaux sociaux en RDC au moment où « tous les pays du monde, Belgique comprise, prennent des mesures conservatoires contre le terrorisme et envisagent un resserrement des législations contre la cybercriminalité ». Il a, entre autres, cité le cas de la France, qui a décidé de « mieux contrôler les applications des réseaux sociaux » au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo ainsi que des États-Unis et du Nigeria qui ont bloqué le compte twitter de la secte islamiste Boko Haram.

Concernant les prétendues violations des droits de l’Homme ayant émaillé les évènements du 19 et 20 janvier, il a indiqué que « les personnes arrêtées lors desdits évènements avaient été, dans leur majorité, surprises par la police en flagrant délit de pillage, d'incendie criminel, de vandalisme ou de violences ». Et par conséquent, il était mal venu d’enjoindre à la justice de ne pas les poursuivre comme suggéré par le ministre belge de la Coopération au développement.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Alexandre De Croo