Électricité : les propositions de Jean-Louis Borloo pour "éclairer l'Afrique"

Jeudi 19 Mars 2015 - 10:59

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À l'initiative de l'ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes, le président de la Fondation Énergies pour l'Afrique, Jean-Louis Borloo, était l'invité du groupe des ambassadeurs africains. L'événement s'est déroulé au cours d'un petit-déjeuner-débat, le 18 mars, à l'ambassade du Congo à Paris, en présence d'une cinquante de personnes, des ambassadeurs ou leurs représentants.

L'ancien ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo était accompagné du vice-président de sa Fondation Yves Jego. L'objectif de la rencontre était de présenter les avancées du programme d'électrification de l'Afrique aux ambassadeurs. Henri Lopes a proposé qu'à l'issue de la rencontre soit préparé un document de contribution des pays africains à la conférence Climat (COP21) de décembre 2015.

Pour Jean-Louis Borloo, la réunion de ce jour est « cruciale », compte tenu l'agenda international, notamment le COP21 de décembre 2015. Il a invité les pays africains à s'organiser en amont pour solliciter une réponse des pays développés, en lien avec leurs engagements, en vue « d'établir un programme pour une croissance harmonieuse pour le continent africain ». Le président de la Fondation Énergies pour l'Afrique a souligné le « consensus dégagé, et partagé en occident » au cours de ses rencontres avec une trentaine de chefs d'État et de gouvernement africains. À savoir, en 10 ans, le sujet d'électrification et de l'énergie est devenu « un préalable , un point vital ».

Les conséquences du manque d'énergie en Afrique

Jean-Louis Borloo a énuméré un faisceau de conséquences dû au manque d'énergie en Afrique : sur la santé, la déforestation, l'éducation, l'industrialisation, le développement. Il craint aussi un exode urbain massif, synonyme de déstabilisation dû à l'absence d'électricité, entraînant le nomadisme, prenant le cas de la Centrafrique où 3% de la population n'a pas accès à l'électricité. « La confrontation entre le monde de l'énergie et le monde sans lumière va entraîner un exil urbain massif », a martelé Jean-Louis Borloo.

Avec 25% d'accès, l'Afrique enregistre déjà 5% de croissance. Il est convaincu que si le continent entrait dans les standards internationaux d'électrification, sa croissance passerait, pendant 30 ans de 10% à 30% par an « par l'élasticité de la proximité ».

Pour un plan Marshall de l'énergie en Afrique

Le président de la Fondation Énergies pour tous prône la mise en place d'un plan Marshall pour l'énergie en Afrique. Il considère que l'électricité est un sujet majeur, en amont de tous les sujets. D'où la nécessité d'un plan Marshall indispensable, indépendamment de l'aide publique au développement (APD) .

L'Afrique subsaharienne n'est électrifiée qu'à 25% à 30% de personnes, et environ 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'énergie. Face à cette réalité, Jean-Louis Borloo propose la création d'une agence chargée de sa gestion (les 50 milliards d'euros d'investissements sollicités), en vue d'électrifier à 90% de l'Afrique d'ici 2025.

Pour la création d'une Agence

Le président de la Fondation Énergies pour l'Afrique, propose de créer une agence spécialisée dédiée la question. Une espèce d'outil de coordination. Cette agence devra bénéficier de 50 milliards de dollars sous forme de subventions, non conditionnelles, « une somme dérisoire à l'échelle de la planète, pour un impact colossal », selon lui. Sans agence centralisée, on ne fera pas aboutir un projet aussi ciblé, d'après Jean-Louis Borloo, qui appelle à « une gouvernance identifiée », conscient qu'en « cas d'absence de réceptacle, on va au casse-gueule ». Il appelle donc à la mise en place d'une organisation au service de tous les pays, et disposant « d'une force de frappe [de 50 milliards d'euros] ».

Jean-Louis Borloo suggère que l'on mette à la disposition de l'Afrique une masse critique d'ingénierie, minimisant les obstacles d'ordre technique et se focalisant sur des questions organisationnelles et de méthodologie. « Éclairer l'Afrique, c'est aussi donner un coup de pouce au climat. Il faut aller vite », a déclaré Jean-Louis Borlo dont l'objectif d'obtenir l'aval des chefs d'État africain avant le 20 juin.

Henri Lopes a salué la vision géopolitique de Jean-Louis Borloo. Il a proposé que soit élaboré un document de contribution des pays africains à la conférence Climat (COP21) de décembre 2015.

Plusieurs questions pendantes...

Mais les questions de souveraineté en matière d'énergie n'ont pas été évoquées par l'intervenant, ni celles liées à la gestion des financements qui devraient provenir de l'investissement privé. Or la gouvernance soulignée par Jean-Louis Borloo mériterait de s'y appesantir.

La Commission européenne (CE) prépare actuellement un projet de valorisation de ses nombreux partenariats énergétiques déjà existant avec le continent africain, notamment en encourageant l'exploitation d'un réseau électrique intelligent qui permettra aux pays de surmonter les obstacles à son développement. Quelle sera la place de la Fondation Énergies pour tous dans cette stratégie européenne ?

 

 

Noël Ndong