Espace francophone : trois banques marocaines, poids lourds de la zoneJeudi 23 Avril 2015 - 11:18 Les banques marocaines, Attijariwafa, la BMCE et la Banque centrale populaire (BCP), détiennent près du tiers (30%) des agences de la zone francophone Aujourd’hui région la moins bancarisée du monde avec moins de 20% de la population disposant d’un compte en banque (Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud), la banque la banque sera l’un des plus forts gisements de croissance de l’Afrique, selon les estimations des analystes économiques. D’après Georges Ferré, du cabinet de conseil Roland Berger, « c’est un secteur qui s’est bien porté ces dernières années et qui a su dégager des marges intéressantes, avec des taux de croissance annuelle de 12% car l’industrie s’est concentrée sur des poches d’activités rentables comme les clients fortunés, les grandes entreprises et les Etats ». Mais il prévient que « pour continuer à créer de la croissance, il va falloir aller plus loin et servir de nouveaux clients », notamment les PME et la classe moyenne. A la clé, un doublement des revenus dans les cinq prochaines années pour le secteur, soit entre 15 et 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire, selon l’étude de Roland Berger sur l’industrie bancaire en Afrique. Offensive des banques françaises sur l’Afrique subsaharienne ? Il note que « les banques françaises n’ont pas la même agilité sur le terrain pour aller chercher ces typologies de clients qu’elles connaissent moins bien que certains acteurs locaux ». Société Générale, très implantée en Afrique francophone, vient de dévoiler ses ambitions sur le continent : ouverture de 50 à 70 agences par an, acquisitions ciblées. Autre groupe français à afficher des ambitions africaines mais avec une présence plus marginale, c’est la BPCE, qui a réaffirmé récemment son intention d’y réaliser des acquisitions. BNP Paribas, discrète sur sa stratégie africaine, a quant à elle réorganisé son état-major africain et maintenu un rythme d’ouverture d’agences soutenu ces dernières années. L’environnement compétitif africain Mais l’environnement est très compétitif : « en Afrique francophone, les banques marocaines aujourd’hui se substituent petit à petit aux banques françaises », indique Jean-Marc Velasque, du cabinet Nouvelles Donnes. Ainsi trois banques marocaines, Attijariwafa, la BMCE et la Banque centrale populaire (BCP), détiennent près du tiers (30%) des agences de la zone, quand BNP Paribas et SocGen sont autour de 15%, selon Nouvelles Donnes. « C’est une stratégie du royaume d’étendre les banques et plus largement les entreprises marocaines vers l’Afrique. Entre 2007 et 2014, on est passé d’une présence de témoignage des acteurs marocains à une présence de leadership », estime-t-il. Une expansion qui repose sur des rachats: Attijariwafa a acquis des filiales de Crédit Agricole, BMCE a repris Bank of Africa et BCP a mis la main sur la Banque Atlantique, sur laquelle s’était aussi positionnée la française BPCE. Une Politique de rachat qui serait plutôt agressive « Outre les rachats d’établissements, ces banques mènent des politiques d’expansion de leur parc d’agences plutôt agressives », note Jean-Marc Velasque. Attijariwafa, est ainsi devenue la première banque d’Afrique francophone en termes d’agences, et y talonne les banques françaises en termes de revenus, tirant 25% de son chiffre d’affaires hors du Maroc. Si la britannique Barclays et la sud-africaine Standard Chartered restent les plus grands réseaux à l’est de l’Afrique, des acteurs nigérians, comme UBA, ou panafricains, comme le géant Ecobank, poussent les feux. Ecobank, fondé au Togo, et dont le premier actionnaire est depuis quelques mois une banque qatarienne, a triplé de taille ces 7 dernières années, passant de 400 agences en 2007 à un peu plus de 1200 aujourd’hui. « En quelques années, il y a eu une consolidation des positions. En Afrique francophone, neuf établissements bancaires possèdent aujourd’hui à eux seuls les 3/4 des agences bancaires », relève Jean-Marc Velasque. Sur les 350 banques africaines suivies par Nouvelles Donnes, la moitié a vu son actionnariat changer depuis 2007. Cette expansion se fait toutefois au détriment de la rentabilité, prévient-il. Un point que confirme George Ferré, qui estime que les banques devront trouver un modèle opérationnel efficace afin de préserver leurs marges. Noël Ndong |