Fibre optique : un cadre de gestion est attenduMercredi 24 Septembre 2014 - 20:45 La mise en place des conditions de gestion de la fibre optique est citée comme frein à son déploiement domestique. Alors que les Congolais s’impatientent et attendent de goûter aux délices du haut débit, les pouvoirs publics disent travailler sur la création d’une société qui va gérer la fibre optique au nom de l’État. Techniquement, la fibre optique, c’est-à-dire le haut débit, est disponible entre Pointe-Noire et Brazzaville. Pour s’en convaincre, expliquent les experts, il faut observer le débit qui devient de plus en plus rassurant depuis que la fibre optique a été introduite dans les tuyaux chez la plupart des Fournisseurs d’Accès Internet (FAI). Les conditions d’accès se sont améliorées ces deux dernières années. Que ce soit en connexion mobile ou résidentielle, la vitesse de l’Internet ainsi que les offres qui ont progressé. La raison de cette embellie, insiste-t-on, est le fait que la plupart des FAI et notamment les sociétés de téléphonie mobile ont été prioritaires dans l’économie « provisoire » de ce réseau optique. Provisoire, parce qu’« il faut que l’État congolais donne la gestion de la fibre à des professionnels qui sachent la gouverner ». L’éclaircissement sommaire est du ministre des Postes et télécommunications, Thierry Moungalla, qui répondait, il y a plusieurs mois, à une question sur l’attente des utilisateurs qui devenait trop longue. « C’est un projet complexe. L’État est en train de réfléchir à la création d’une structure congolaise gérée par des Congolais mais qui fera appel, dans le cadre de la gestion opérationnelle, à des compétences. Mais la fibre est là. Quand on poste des vidéos, la vitesse de téléchargement est beaucoup plus rapide qu’avant. Il fait reconnaître qu’on l’utilise déjà », précisait-il. Dans l’optique d’établir une véritable économie numérique, la mise en place des conditions de gestion de la fibre optique dans le cadre du Projet de Couverture nationale ou du CAB (African Backbone Cable) est une exigence. Selon le ministère des Postes et Télécommunications, le projet réalisé avec Congo Télécom et le ministère des finances serait très avancé. La structure en création va, selon des informations, porter au nom de l’État la propriété de tout le haut débit qui est déployé au Congo par la SNE, Congo Télécom et le projet de couverture nationale. L’institution serait une société anonyme ou un établissement public. Elle proposera aux opérateurs sous forme d’appels d’offre, d'une concession de service public, ou sous forme de contrat de gestion ou d’affermage, la gestion de la fibre dans le cadre des contrats qui seront déterminés. Les Congolais s’impatientent faute d’explications La longue attente pousse les Congolais à spéculer. À tort ou à raison. Les problèmes liés aux connexions douteuses qu’ils rencontrent en connexion mobile, en résidentiel ou à travers des cybercafés relèvent, selon eux, du fait que la fibre optique n'est pas opérationnelle sans redouter quelque fois des offres mal exploitées ou du matériel inadéquat. Ont-ils tort de croire ainsi ? À priori non. Puisque la confusion qui naît dans la conception de la fibre optique et de son mode de fonctionnement n’a jamais été levée par des explications claires. Entre haut débit et fibre optique, les choses ne sont pas faciles à cerner pour plusieurs Congolais. « La fibre chez les abonnés, c’est une erreur de langage. On ne parlera jamais de la fibre chez les abonnés. Si on y arrive tant mieux. L’objectif c’est d’apporter internet de qualité chez les abonnés. Aujourd’hui on apporte Internet par le biais du satellite. Mais ça coûte trop cher, parce que le temps de réponse, la transmission et la bande passante sont très chers », expliquait Luc Missidimbazi, coordonnateur du projet CAB. La fibre optique est, en effet, un guide à ondes, dans lequel une onde lumineuse est modulée en intensité afin de contenir des informations. Elle offre des débits largement supérieurs aux câbles coaxiaux et supporte des réseaux « larges bandes » par lesquels peuvent transiter aussi bien la télévision, le téléphone, la visioconférence ou les données informatiques, explique Congo Télécom sur son site internet. L’intérêt de l’État en se connectant au réseau mondial est d’emmener un Internet de qualité dans la perspective de réaliser la société d’information tant attendue. Pourtant, il faudrait que l’environnement facilite l’usage de cette capacité. Cet écosystème représente évidemment le cadre de gestion attendu. « Si ce n’est que pour aller consulter Yahoo, il n’y aura pas beaucoup d’utilisation de la bande passante et on continuera à la payer cher », confie le coordonnateur du CAB. Le soutien à la création des sociétés de gestion et de création de contenu local et de stockage devient alors impératif pour contenir véritablement la bande passante qu’espèrent toucher du doigt les Congolais. Car, s’ils doivent surfer dans le haut débit, ce serait avec du contenu utilitaire destiné à faciliter la vie. Quelques structures privées et de jeunes startups ont lancé des initiatives mais la danse est encore timide.
Quentin Loubou Légendes et crédits photo :raccordement des câbles à fibres optiques par des agents de Congo Télécom |