Interview Serge Kakudji : « Nous avons tenté et réussi à toucher les âmes et les cœurs des plus conservateurs »

Jeudi 16 Octobre 2014 - 19:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Actuellement en Italie, dans le cadre de la deuxième phase de la tournée du spectacle Coup fatal, le contre-ténor congolais s’est réjoui du succès de la grande première à Rome mardi. Une réussite qui vient s’ajouter au précédent triomphe expérimenté à Vienne dont il nous a fait part, il ya quelques jours, alors qu’il s’accordait une pause à Kinshasa avant d’entamer ce second virage. 

Serge kakudji dans Coup fatal au Festival d’AvignonLes Dépêches de Brazzaville : Vous êtes à Kinshasa alors que la tournée Coup fatal n’est pas encore finie…

Serge Kakudji : Venir ici à Kinshasa c’était la meilleure chose à faire. Entre autres, pour les vacances mais aussi relancer des activités qui tournent autour de l’opéra, plus précisément Opéra Afrika. Cela marque aussi le retour à la maison pour respirer un peu après la première partie de la tournée de Coup fatal qui continue. C’est l’occasion aussi de faire mes civilités directement au public de mon pays. Lui parler personnellement du cheminement de la première série du projet que j’ai monté avec mes compatriotes et le Théâtre royal flamand, le KVS. Leur dire où nous a amené la passion que nous avions pour ce projet. J’ai dans ce sens livré des concerts baroques un peu à la congolaise en y invitant aussi des artistes avec qui je travaille dans le cadre de la plateforme Afrika Opéra.

LDB : Vous semblez bien vous y plaire, comment vivez-vous ce moment ?

SK : J’étais très heureux de me retrouver à la maison. L’on dit souvent nul n’est prophète chez soi mais j’estime cependant que moi je le suis chez moi. J’ai tendance à vraiment le croire parce que je l’ai expérimenté pendant mon passage ici. Ce n’était que du bonheur les moments passés ici avec les proches et surtout la famille musicale. Il faut noter que Coup fatal est un projet pointu, assez profond qui exige beaucoup de travail et il est psychologiquement éprouvant. Il arrive que je sois soumis à quatre ou cinq interviews par jour à des lieux différents, cela peut se produire dans des villes différentes. Malgré tout, cela demande de rester engagé dans la course et ne pas perdre le fil de l’inspiration parce qu’après le soir, il faut tout de suite passer au théâtre pour chanter. Le soir il y a toute une équipe que tu dois sentir avec toi. C’est certes beaucoup de travail mais qui se fait avec le plus grand plaisir et bonheur parce que c’est une passion.

LDB : Qu’en est-il justement de la suite de la tournée Coup fatal ?

SK : La tournée va reprendre en mi-octobre en Italie à Torino (Turin) le 10 et le 11 avant la grande première du 14 octobre au Teatro argentina à Rome avant de poursuivre le lendemain à Bologne. Le parcours de la tournée va continuer vers Anvers en Belgique, viendra ensuite la France à l’opéra de Lilles et l’Allemagne. Ce sera Düsseldorf, Bruges, etc. C’est pour trois mois assez serrés de tournée avant de s’accorder encore deux mois de pause. Ce ne sera pas un moment de tout repos.

LDB : Quel est votre bilan personnel de la première phase de la tournée dont nous avons eu un retour favorable ici ?

SK : La première phase de la tournée de Coup fatal est une réussite. Nous avons tenté et réussi à toucher les âmes et les cœurs des plus conservateurs avec ce mélange des airs baroques avec la touche de la musique traditionnelle congolaise. La première fois que nous avons joué à Vienne, c’était une catastrophe de bonheur, je préfère dire catastrophe parce que ça explosait dans tous les sens. Les Viennois, tous conservateurs qu’ils sont, se levaient tout le temps pour signifier qu’ils appréciaient ce mélange devenu une purée exquise, une sorte de salade. Pour l’instant le bilan est positif nous avons arrêté l’orage et demandé que l’orage revienne, il est revenu. Nous l’avons fait à Avignon. C’est ce genre de moment que j’appelle « moment de grâce dans l’art » où l’on se sent comblé. Il y a aussi le message que nous véhiculons quitte à savoir qu’avant de chercher à faire la paix dans le monde, il faut d’abord faire la paix autour de soi. Dans Coup fatal, l’on sent la vapeur de cette paix qui sort de nous pour se répandre ensuite autour de nous.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Serge kakudji dans Coup fatal au Festival d’Avignon