Interview :Tshoper Kabambi : « Il faut bien écrire son film avant de prétendre le faire »

Samedi 1 Août 2015 - 14:34

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Initiateur du Festival international du cinéma de Kinshasa (Fickin), le jeune cinéaste a accordé un entretien exclusif aux Dépêches de Brazzaville à l’issue de la deuxième édition tenue du 22 au 26 juillet au Musée d’art contemporain de Limété. Dans cette interview, il revient sur l’organisation générale de l’événement qui a intégré une compétition dans son agenda de cette année.

Tshoper KabambiLes Dépêches de Brazzaville (LDB) : La deuxième édition de Fickin a vécu, c’est un Ouf de soulagement que vous poussez maintenant  ?

Tshoper Kabambi (TK) : Je me dis, Ouf !, enfin, c’est passé pare que, c’est vrai, la première édition était un pari réussi, mais avec les ambitions de cette deuxième, nous avions beaucoup de pression. Il fallait faire encore mieux que la précédente, mais heureusement, les choses se sont bien passées.

LDB : L’organisation de ce second Fickin était-elle plus ardue que la précédente ? A quelles difficultés avez-vous fait face  ?

TK : Oui, cette année nous avons éprouvé plus de difficultés que la première édition, notamment parce qu’un de nos grand partenaires nous avait lâché au dernier moment. Si au moins, il s’était prononcé avant, nous aurions pris certaines précautions, trouvé une autre alternative car, ce ne sont pas les sollicitations qui manquaient.

LDB : La peur que le public ne suive pas expliquerait-il le désistement des partenaires  ?

TK : Pourtant, l’engouement que le public avait manifesté était observable. Les Kinois ont montré de l’intérêt pour le cinéma congolais. L’on peut dire que le cinéma est un art très populaire et donc, les partenaires n’ont pas à avoir peur de s’impliquer. Le cinéma est un divertissement qui attire du public, il faut qu’ils arrêtent d’hésiter à soutenir ce genre d’organisation.

LDB : Mais l’affluence n’était pas aussi grande que l’année dernière  ?

TK : Oui, je vais être sincère, l’an dernier le public était très présent durant les quatre jours du festival. Il est venu en masse mais sans pour autant comprendre les choses mais cette fois, nous avons eu affaire à un public averti qui a trouvé sa part dans notre travail. Il venait avec un œil critique et c’est vrai que la fréquentation n’est pas pareille en semaine mais à la fermeture, vous l’avez vu, il y avait grand monde.

LDB : Des résolutions ont été prises l’an dernier lors des ateliers et discussions, avez-vous obtenu des résultats  ?

TK : Nous y travaillons. Nous savons tous que le changement ne se produit pas de façon automatique. Nous avons pris conscience et une pleine connaissance de nos problèmes. L’an dernier nous avons fait un état des lieux du cinéma congolais car il y avait des cinéastes qui ne savaient rien de son histoire. Il était important de le faire et de prendre certaines résolutions partant de là. Parmi les problèmes évoqués, certains sont tout de même résolus et d’autres sont en cours de résolution. Le changement sera perceptible dans pas longtemps.

LDB : Quelle était le nœud des discussions cette année ?

TK : Cette année, nous avons beaucoup parlé de l’écriture. Avec Mama Keita qui est qui est un grand cinéaste, il a eu beaucoup de prix en rapport avec l’écriture du scénario, nous avons conclu que c’est la base d’un film. Il faut bien écrire son film avant de prétendre le faire. Les bonnes idées ou les bons acteurs ne suffisent pas pour faire un bon film. Il faut une très bonne écriture à la base et surtout cibler le milieu et le public auxquels on le destine. Savoir pour qui nous faisons notre cinéma. Nous n’allons pas le faire pour les Chinois. Le cinéaste congolais doit se dire : « J’ai un public qui mérite de consommer mon travail. Je me dois de faire un film, écrire des histoires qui correspondent au vécu de ce public-là.

LDB : Le problème de la distribution des films s’était aussi invité dans les débats…

TK : Oui, il était important de revenir là-dessus parce que des films sont produits mais les gens ne le savent pas. A notre avis, il y a donc un sérieux problème de distribution. Nous avons réfléchi ensemble sur la manière de faire pour changer la donne. Nous n’avons pas à copier les Nigérians ou les Français sur ce coup-là. Mais à notre niveau, et avec les maigres moyens dont nous disposons, nous devons trouver le bon moyen de faire consommer nos films à la population congolaise. Nous sommes revenus sur l’expérience du Marché du film tentée au Cinef mais aussi celle de nos amis du théâtre populaire qui écoulent des DVD. Les choses devraient donc bouger dans les jours qui viennent.

LDB : Le Fickin s’est achevé sur une remise de prix, quelle valeur a pour vous la compétition organisée à cet effet  ?

TK : Je suis cinéaste. Je sais à quel point l’on peut être motivé quand à un certain moment de son parcours, l’on a gagné un prix ou présenté un film en compétition. Le fait d’y prendre part est déjà une grande motivation, cela valait la peine de le faire à l’échelle nationale. L’on est au moins sûr que pour l’an prochain, des réalisateurs vont produire des films de qualité qu’ils tiendront à présenter. Et donc, cela rassure sur le fait que la production des films sera stimulée chaque année. La compétition motive les lauréats mais au final même ceux qui n’ont rien gagné à s’y mettre et faire d’autres films.

LDB : Une troisième édition de Fickin l’an prochain ?

TK : Bien sûr ! Je l’annonce, oui. Nous sommes plus motivés que jamais. Déjà à partir de demain, c’est lundi, nous allons lancer la préparation du troisième Fickin.

 

 

 

 

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Tshoper Kabambi

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