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La Conférence nationale de 1972

Vendredi 16 Janvier 2015 - 9:37

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Après le coup d’État manqué, conduit par Ange Diawara, le président Marien Ngouabi organise une Conférence nationale, du 31 juillet au 7 août 1972. Cette Conférence-là certains l’ignorent, d’autres s’en souviennent à peine. La conférence nationale de 1972 est la preuve, si besoin en était, que dans la recherche des réponses aux problèmes de la nation, le Congo a toujours été à l’avant-garde de solutions novatrices.

La Conférence nationale de 1972 réunit toutes les forces vives de la nation, même les étudiants vachards de la Feanf-Aec (Fédération des étudiants africains en France et l’Association des étudiants congolais) y prennent part. C’est à cette occasion que le public congolais découvre Jean Opa, Paul Nzété et Jean-Martin MBemba. Ce dernier émet des critiques sévères à l’endroit de certains de ses camarades qu’il accuse de vouloir inféoder l’Aec au Parti congolais du travail. Sa prestation est très appréciée par le public.

Jean Martin Mbemba est né le 13 août 1942. Date prédestinée ou signe précurseur d’un destin politique national ? Ce qui est sûr, c’est que 21 ans plus tard, à la même date, le 13 août 1963, le peuple congolais déclenchait la révolution des 13, 14 et 15 août 1963. En 1975, après sa fracassante prestation  politique de 1972, il rentre au Congo. Il est avocat.

Jean Martin Mbemba défend de nombreuses personnalités congolaises, au cours des procès politiques qui ont émaillé la vie politique au Congo. À l’étranger, il assure en 1988, la défense d’Abdoulaye Wade. Un an avant, au sein d’un collège d’avocats dirigé par maître Vergès, il défend Klaus Barbie, poursuivi pour « crime contre l’humanité. Beau palmarès professionnel.

Le retour au pouvoir de Denis Sassou Nguesso en octobre 1997 lui permet, le 2 novembre 1997, de retrouver le gouvernement en qualité de ministre du Travail et de la Sécurité sociale. À l’occasion du remaniement du 12 janvier 1999, il change de portefeuille. Il devient garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits humains. Lors des élections de 2002, il est réélu député d’Ignié et conseiller municipal de Ouenzé. Il choisit de rester au gouvernement. Le 7 janvier 2005, il est désigné ministre d’État, ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative. Lors des élections de 2007, il est réélu député d’Ignié. À l’occasion du remaniement du 15 septembre 2009, il quitte le gouvernement. Peu de temps après, le 7 octobre 2009, Jean Martin Mbemba est nommé président de la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh).

19 ans après la Conférence nationale de 1972, il participe, en 1991, à la Conférence nationale souveraine. Il est président du comité de rédaction du règlement intérieur. Candidat malheureux au poste de Premier ministre de transition, il est nommé, le 15 juin 1991, garde des Sceaux, ministre de la Justice, chargé des réformes administratives, dans le gouvernement dirigé par André Milongo, jusqu’au 21 mai 1992. Candidat aux élections législatives, il est élu député d’Ignié, mais à l’élection présidentielle de 1992, face aux cadors de la politique congolaise, il occupe la 11ème position.

Certains cadors son décédés, d’autres se sont mis en marge de la politique. La voie est royale pour Jean Martin Mbemba pour la prochaine présidentielle de 2016. En effet, de tous les Congolais ayant présidé l’historique Aec, Jean Martin Mbemba est, sans doute, le plus emblématique et celui qui est  le mieux armé pour peser de son poids professionnel et politique sur l’élection de  2016 ; mais à 73 ans, il est, d’ores et déjà, iniquement mis hors jeu par la Constitution du 20 janvier 2002. En créant l’Up (Union pour le progrès), à l’évidence, c’est la prise de pouvoir qu’il vise. Il en a donné la preuve en 1992. A-t-il abdiqué ? Son  éventuelle capitulation serait dommage pour la qualité de la prochaine compétition électorale présidentielle. Comme je le répète, à l’envi,  dans un monde aussi pauvre en présidentiables de qualité, il est regrettable que nos  rares cadres soient ainsi disqualifiés par des dispositions discriminatoires et anti démocratiques d’une Constitution qui a fait son temps, et pour cause ! Dommage aussi que cette belle trajectoire politique, démarrée à la Conférence nationale de 1972, finisse dans un cul-de-basse-fosse juridique. Au demeurant, c’est mon point de vue, Jean Martin Mbemba est un candidat intrinsèquement crédible pour les joutes électorales de 2016.   

                                   

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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