L’aviation française aurait-elle abattu un avion de ligne italien en 1980 ?Dimanche 24 Janvier 2016 - 15:35 Quelque 35 ans après le crash du DC-9 d’Itavia au-dessus d’Ustica, la télévision française va apporter des éléments qui enflamment déjà l’Italie. C’est en effet une enquête de presse qui a relancé samedi, en Italie, l’affaire dite d’Ustica. Il s’agit d’un drame aérien qui coûta la vie, le 27 juin 1980, à 81 passagers d’un vol régulier Palerme-Bologne abattu dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Poursuivant leur enquête et consultant de nombreux documents jusqu’ici jamais considérés ou publiés, des journalistes de la chaîne de TV Canal Plus ont conclu que c’est bien la chasse aérienne française qui abattit le DC-9, par erreur. L’aviation française aurait fait décoller des mirages de la base militaire de Solenzara, en Corse, dans l’intention d’intercepter un Mig libyen qui était supposé piloté par le guide libyen, le colonel Kadhafi, la vraie cible. Le missile rata sa cible et toucha de plain-fouet le DC-9 civil italien précipitant en mer les 81 passagers à bord. La carcasse a été repêchée depuis et reconstituée dans un hangar, mais toutes les hypothèses envisagées ont toujours écarté l’hypothèse de l’accident pour se rejoindre sur l’action intentionnelle mais pas sur le coupable. Qui ? La chasse libyenne qui occupait l’espace considéré ce jour-là ? La télévision française, qui va diffuser un documentaire au titre de : « Incident d’Ustica, une erreur française ? », entend verser des pièces à charge à ce dossier délicat. Un documentaire attendu par la classe politique italienne de pied ferme, le maire de Palerme estimant que « la blessure est restée ouverte ». Un documentaire attendu aussi avec un grand intérêt par la justice italienne, restée sans certitudes concrètes. Faute de mieux, elle n’a pu que confirmer en appel les 13 et 19 janvier derniers, à Palerme, la condamnation des ministères italiens de la Défense et des Transports à verser un montant total de 12 millions d’euros à 31 familles des victimes de ce vol maudit. « C’est l’heure de vérité », exulte un groupe de députés du Mouvement 5 Etoiles du comique Beppe Grillo. « Le gouvernement italien doit demander à la France la levée du secret-défense sur ce dossier afin de lever définitivement le voile sur une affaire qui mérite toute clarté et transparence ». Pour eux, « l’exécutif de notre diplomatie doit fixer la dernière pièce du puzzle et obtenir de nos alliés (français et américains. Ndlr) des explications sur ce qui est un véritable attentat en temps de paix face au silence total des autorités françaises et américaines ». Les deux pays semblent avoir coordonné l’opération militaire qui devait aboutir à l’élimination en vol du colonel libyen Mouammar Kadhafi à une époque grande tension entre l’Occident et le régime de Tripoli. C’est en tout cas ce que soutient l’enquête menée par le journaliste français Emmanuel Ostian de Canal Plus. « Il nous faut obtenir un cadre finalement clair de ce qui s’est véritablement passé en cette nuit du 27 juin 1980 au-dessus du ciel d’Ustica » insistent, dans une lettre au premier ministre Matteo Renzi, six députés de son propre parti, le Parti démocratique. Walter Verini, Andrea De Maria, Paolo Bolognesi, Marilena Fabbri, Donata Lenzi et Sandra Zampa veulent des explications et des réparations. Ils font remarquer que les informations de presse à disposition revêtent une valeur inestimable parce qu’elles proviennent de sources françaises. « La thèse est étayée par les témoignages de militaires qui étaient de service à l’époque et qui se disent près aujourd’hui à démentir au moins deux des affirmations françaises faites aussitôt après le drame », et qui niaient toute responsabilité. A Bologne où repose la carlingue de l’avion, les juges ont établi que la catastrophe fut bel et bien causée par un missile ou, « à tout le moins », par une collision en plein vol. Lucien Mpama Notification:Non |