Les immortelles chansons d’Afrique : « Blewu » de Bella BellowJeudi 10 Mars 2022 - 18:39 Voix légendaire du Togo, Bella Bellow est une gloire de la musique africaine. Avec sa chanson « Blewu », elle a imprimé dans les esprits de plusieurs mélomanes son timbre vocal. Extrait de l’album « Nye Dzi », enregistré sous la référence AK 45020, grâce au label Akue, le titre « Blewu » résiste toujours à l’usure du temps. Il signifie en langue éwé « patience ». Ici, l’artiste nous exhorte à la patience face aux épreuves de la vie et nous encourage à avoir confiance en Dieu, à être vigilant afin d’affronter la mort. Cette merveilleuse aubade s’ouvre par des intonations d’une guitare basse suivie des percussions et d’un son de clavier qui introduit une sourdine ténor avant que ne résonne le lyrisme vocal de Bella Bellow en Do majeur : « Blewuee ! Blewuee ! Blewue miade afe loo, blewue miade afe loo, Blewuuu ». « Patience ! Patience ! Patience nous arriverons chez nous. Patience nous arriverons chez nous ». La beauté de cette œuvre réside dans la complicité entre Bella et le chœur qui exécute de façon admirable les sourdines. Il faut cependant reconnaître le travail accompli par l’alto et le ténor lors du changement de gamme dans cette mélodie en passant De Fa majeur à Fa mineur. Cette chanson a été mise en partition par le maestro Joel Quophy Agnegue et interprétée par des artistes musiciens et des chorales de toutes obédiences. Cet air est un classique de la musique togolaise et se joue souvent lors des cérémonies funéraires en Afrique. Ce titre fut chanté lors des obsèques de Mama Yemo, la mère du feu président Mobutu. Lors du centenaire de l’Armistice, il a été également interprété par Angélique Kidjo en Si bémol, une tonalité plus basse que celle de Bella Bellow. Née le 1er janvier 1945 à Tsévie, à quelques encablures de Lomé, Georgette Nafiatou Adjoavi Bellow, alias Bella Bellow, a commencé à chanter très tôt. C’est à Abidjan qu’elle apprendra le solfège pour mieux aiguiser son talent. En 1965, elle chante lors de la célébration de l’indépendance du Bénin. Sa prestation au Festival mondial des arts nègres, à Dakar, lui ouvrira la porte de la carrière internationale et se fera suivre de plusieurs rencontres dont celle avec le manager et éditeur Gérard Akueson. Ce dernier montera une équipe de musiciens qui l’accompagneront jusqu’à ce qu’elle signe son premier album intitulé « Rockia ». Quelque temps après, elle va cesser de collaborer avec l’éditeur Akueson et mettra en place un orchestre qu’elle baptisera « Gabada ». Bella se produira, par la suite, à l’Olympia de Paris et effectuera plusieurs concerts en Europe, aux Antilles ainsi qu’au Festival populaire de Rio. La chanteuse adulée trouvera la mort le 10 décembre 1973 dans un accident de circulation à Lilikopé, près de la ville qui l’a vue naître.
Frédéric Mafina Légendes et crédits photo : Bella Bellow Notification:Non |