Livre : rencontre littéraire autour de « La cloche de mon cœur retentit »

Jeudi 27 Octobre 2022 - 12:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Edité à Renaissance africaine, le recueil de poèmes de 227 pages de Charles Peter Moukala Kinzounza, préfacé par Exaucé Elvin Ngaba Nsilou (l’éditeur), postule la raison d’être de la poésie et de ses fonctions multiples. Il a fait l’objet d’une rencontre littéraire,la semaine dernière, à la Maison Russe de Brazzaville.

Le recueil indique que la vie humaine serait multiple, dans ce sens où l’attraction vers les aspirations sociétales déboussole souvent ceux qui ont le cœur moins affecté. C’est ainsi que critiquant ce recueil de poèmes, Winner Franck Palmers née Nicole Laure Théodora, écrivaine, critique littéraire, docteur en sciences de l’information et de la communication, enseignante à la faculté des lettres, des arts, des sciences humaines de l’Université Marien-Ngouabi, s’est mirée aux sonorités et au ressenti de ce cœur qui édite des mots porteurs de vie et signaux révélés de l’indicible. Fondé sur la poésie, ce livre titanesque propose la découverte du monde et des hommes qui le peuplent au travers d’une pluralité de thèmes, parmi lesquels la « planimétrie astrale » ; le silence ; la lumière ; l’âme ; la vie ; la mort ; le combat ; l’amnistie ; l’amour ; l’univers ; l’immigré ; le mensonge et la vertu.                                     

Le Dr Winner Franck Palmers a révélé que l’écrivain à l’honneur est un officier de la gendarmerie dont plusieurs textes soulignent ses nobles idéaux et son engagement solennel. Aussi, à l’image des écrivains comme Camara Laye, Ludovic Julien Kodia et des musiciens comme Papa Wemba, l’auteur célèbre sa mère. Il verbalise son amour sacrificiel pour la progéniture et l’immortalise dans le texte « Ma mère héroïne délaissée » (p.75-76). Contrairement à une kyrielle d’écrivains et musiciens, il honore son père dans le poème « A mon père » (p. 214). Cela est méritoire. La musicalité du poème est due notamment aux astuces anaphoriques. Charles Peter Moukala Kinzounza sublime aussi la femme universelle dans « Femme vertueuse » (p.217).

Porteur d’un langage éthique régulateur des passions, philosophe dans l’ADN ou à ses heures perdues, moralisateur par apprentissage et expérience, Charles Peter Moukala Kinzounza, dit le Dr Winner Franck Palmers, navigue sur les flots vitalisant de la morale, dont qu’il sait rendre audible au-delà de la méditation. Pour résoudre les problèmes inhérents à la fragilité de la mémoire collective aux comportements déviants. Il s’arme de sa plume pour écrire…. En définitive, dans ce livre vaste comportant 123 poèmes à valeur informative, éducative et thérapeutique …, l’auteur aide les lecteurs à vaincre la tourmente existentielle.

Un auteur guidé par l’inspiration

Charles Peter Moukala Kinzounza se dit guidé par l’inspiration. Et lorsque celle-ci le guide d’écrire un ouvrage, il le fait. Tout dépend de l’inspiration, parce qu’il ne s’agit pas d’écrire pour écrire ou pour plaire à qui que ce soit. « Il faudrait que ce que vous allez présenter aux gens puisse refléter comme un médicament », dit-il. Précisant également que l’adversité qu’il connaît dans sa vie lui pousse à regarder sinon qu’à se revêtir de plusieurs facettes. « Je suis un être humain, épris de valeurs que parfois d’autres diront que ce ne sont pas des valeurs. A mon humble avis, je ne pourrai pas extorquer le ressentiment d’une situation vécue par un autre sans pourtant que je parle de moi-même. La meilleure façon d’évoquer un sujet, c’est d’avoir cette capacité de parler d’abord de soi-même. Ma poésie est caractérisée par tout ce que je vois, tout ce que j’entends, tout ce que je subis. »

L’auteur a fait savoir qu’il y a même un poème dans son premier ouvrage intitulé "Moi, pas aimé". Ce poème parle des enfants de la rue au Sénégal. En effet, lors de son séjour dans ce pays, il a essayé d’analyser la vie quotidienne de ces enfants. Ce sont, dit-il, des enfants que les parents ont cru envoyer chez un marabout pour aller apprendre à lire le Coran. Au fond, le marabout utilise ces enfants comme fonds de commerce. Ils deviennent des mendiants à la solde de ce marabout. « Vous voyez que je ne m’attarde pas sur tout ce qu’il y a autour de moi, c’est-à-dire ici au Congo. Lorsque mon pied foule un sol, je parle de ce qu’il y a autour de moi. Il y a aussi un poème dans cet ouvrage où je parle de la mort. J’ai suivi un documentaire d’un forcené qui était condamné à mort aux Etats-Unis, et ce qu’a subi ce forcené jusqu’à ce qu’il rende l’âme, … Je me suis dit si ce monsieur est considéré comme meurtrier, vous le tuez, vous devenez aussi des meurtriers. Est-ce que la seule solution pour un meurtrier c’est de le tuer ? … La société retiendra aussi que l’État a tué et l’État deviendra aussi meurtrier. Ce sont donc des situations que nous vivons, les situations dans lesquelles nous pataugeons, c’est ça qui caractérise la poésie », conclut-il.

Officier de gendarmerie, Charles Peter Moukala Kinzounza a passé la quasi-totalité de son enfance à Pointe-Noire, capitale économique de la République du Congo. Il a dessiné les emblèmes de la gendarmerie actuelle en 2002 et devint, au fil du temps, formateur en sciences managériales, grâce à son master II en management. Amoureux de l’art en général, sportif et auteur-compositeur dans le cadre musical, il vit aujourd’hui à Brazzaville et livre au public son troisième recueil de poèmes.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1&2- Lors de la rencontre littéraire / Adiac

Notification: 

Non