Marché du livre à Brazzaville : les librairies « par terre »

Jeudi 17 Janvier 2013 - 11:15

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À Brazzaville, dans le secteur du livre le marché d’occasion est plus important que la vente dans les librairies traditionnelles. La capitale des lettres congolaises ne compte plus qu’une seule grande librairie digne de ce nom pour la quantité de son offre et pour la qualité de son espace d’exposition. Si la librairie des Dépêches de Brazzaville reste de loin le plus important canal de distribution pour ce secteur, sur les grandes artères brazzavilloises se sont développées depuis de nombreuses années les librairies dites « par terre » proposant des livres neufs et d’occasion à des prix concurrentiels

Une librairie « par terre » à Brazzaville.Manuels scolaires, littérature, dictionnaires, romans policiers, livres spécialisés attendent à même le sol un acheteur. Sous le soleil, les vendeurs de librairies par terre sont attentifs à la demande du client. Le prix annoncé est ensuite débattu. Celui de L’Aventure ambiguë de Cheick Hamidou Kane est de 7 500 FCFA… à débattre, précise le vendeur. Avec un billet de 5 000 FCFA, le client peut s’offrir ce livre.

Mais comment se ravitaillent-ils ? « Nous achetons auprès d’étudiants en fin de cycle, d’expatriés en fin de mission qui viennent nous revendre à un prix forfaitaire leurs ouvrages. On s’est également constitué un circuit en Europe grâce à des amis qui achètent des livres d’occasion en France et nous les revendent à faible coût », confie Jean-Benoît Kangala, bouquiniste depuis vingt-sept ans, installé à la grande poste de Brazzaville. Ici, pas de gestion des stocks donc, comme dans les librairies traditionnelles qui doivent garantir le réassortiment. Tout est aléatoire, y compris les bénéfices.

Sur l’avenue de l’OUA, près du marché Total, Geoffroy Mambila s’organise autrement. Dans son kiosque, les ouvrages de seconde main exposés « après vérification de la source », insiste-t-il, sont pour la plupart des livres de droit et de médecine, réputés très chers. À l’occasion, il commande en France auprès d’éditeurs et propose souvent des livres neufs.

« Autrefois, explique Jannot Sanzassele, vendeur de librairie par terre, nous avions des kiosques, et les livres étaient protégés des intempéries. Notre offre était plus large grâce au partenariat avec la librairie Haklédic, grâce auquel on vendait aussi des journaux internationaux. » Même sans kiosques, ces librairies d’un autre genre ne désemplissent pas. Lycéens, étudiants, doctorants, passionnés de livres et curieux s’y rendent quotidiennement. Elles sont devenues le lieu privilégié des chineurs de livres rares et spécialisés malgré l’absence de réglementation du secteur déploré par les vendeurs des plus importantes librairies par terre de Brazzaville.

Meryll Mezath

Légendes et crédits photo : 

Une librairie « par terre » à Brazzaville.