Musique : Oumou Sangaré revient sur scène avec « Timbuktu »Vendredi 13 Mai 2022 - 13:49 Sorti le 29 avril, « Timbuktu », le onzième album d’Oumou Sangaré enregistré aux Etats-Unis, en France et au Mali, est une collection étonnante de chansons, fusionnant ainsi sa voix avec les éléments de bleues, de folk et de rock.
« Je viens d’un pays de parole, le Mali. La musique y est très importante, que l’on fait passer depuis toujours nos messages par la musique. C’est une vielle tradition surtout nous les femmes, dans ma région le Wassoulou, la femme n’avait pas droit à la parole. Le seul pouvoir pour s’adresser, se libérer, se dévoiler, c’était au moment des spectacles comme le mariage et le baptême. Les femmes se regroupaient entre elles et se laissaient aller, dévoilaient toutes les injustices qu’elles subissaient dans leurs foyers, en chantant. Nous les chanteurs, nous sommes les missionnaires à qui cette voix a été confiée », a expliqué l’artiste. Cet album tisse, par ailleurs, les liens sonores intimes entre les instruments traditionnels d’Afrique de l’ouest et ceux liés à l’histoire du bleues. Ses textes sont le fruit de tous ces moments de repli sur soi-même. Jamais au départ les textes d’Oumou Sangaré ont atteint une telle qualité poétique, une telle profondeur. Jamais on l’a vue aussi inspirée pour livrer ses pensées sur les mystères indéchiffrables de l’existence, la situation périlleuse que traverse son pays actuellement, les conditions générales de la femme africaine. Autant de preuves que malgré les occupations, l’artiste n’a pas renoncé à la croyance et à ses engagements. « La musique est moi, sans elle, je ne suis rien, et rien ne peut me l’enlever. J’ai mis ma vie dans ce disque, toute ma vie, cette vie dans laquelle j’ai connu la faim, l’humiliation de la pauvreté et la peur, et dont je tire aujourd’hui la gloire », a déclaré Oumou Sangaré. Tant de sentiments et d’humeurs nourrissent cet album avec des chansons telles que « Degui N’kelena », « Kanou », en passant par la compassion de « Demissimw », l’exaspération de « Kêle Magni » ou la fierté de « Wassulu ». «Timbuktu» s’annonce comme le plus abouti d’une discographie déjà remarquable. Ses albums, tels que « Moussoulou » en 1989, « Kosira » en 1993, « Vera tan » en 1996, « Deya » en 2009 figurent parmi les plus remarquables de l’histoire de la musique africaine contemporaine. Cissé Dimi Légendes et crédits photo :La pochette de l’album/DR Notification:Non |