Religion : le pape François prêche la justice foncière

Lundi 13 Juillet 2015 - 13:19

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Le chef de l’Église catholique est rentré lundi d’une tournée dans trois pays d’Amérique latine où se pose particulièrement la question de la justice foncière.

C’est une sorte de marathon que vient d’effectuer le pape François en Amérique latine. À 78 ans, le Souverain pontife a, en effet, tenu à honorer les rendez-vous et les étapes retenues dans les trois pays de sa tournée en Amérique du Sud : en Équateur, en Bolivie et au Paraguay. Trois pays qui ont chacun ses disparités politiques et même ethniques, mais qui présentent aussi de forts dénominateurs communs comme une forte catholicité, des blessures héritées de la colonisation espagnole, un passage par des dictatures qui ont renforcé les discriminations contre les paysans dépossédés de leurs terres. C’est la première fois que le pape argentin se rend dans des pays où il n’a pas besoin d’interprète.

Cela est anodin mais significatif d’un pontificat qui a décidé de se mettre littéralement au service des plus humbles. D’ailleurs cette tournée s’est accomplie dans trois pays qui ne sont pas particulièrement les plus influents d’Amérique latine, signe d’une humilité que le pape des catholiques porte en étendard. Même dans ses voyages en Europe, ce ne sont pas les « poids lourds » de l’histoire européenne qu’il a choisi de visiter mais ceux de « la périphérie », une expression qu’il aime souvent à employer. Albanie et Bosnie Herzégovine avant les mastodontes (le Vatican a même tenu à préciser que la visite du pape à Strasbourg, en novembre, était pour le Parlement européen qui y a son siège, pas à la France !)

Au Paraguay lundi, le Souverain pontife a plaidé pour la lutte pour la terre dans un pays où 1% de la population possède 77% des terres agricoles. Dans les trois pays de sa tournée, il a fortement stigmatisé les injustices sociales et engagé les gouvernants à entreprendre une action décisive contre la pauvreté. « Une chose est claire, nous ne pouvons pas continuer de tourner le dos à la réalité, à nos frères à notre mère la Terre, pillée, dévastée, bafouée impunément ». Pour lui qui a consacré une encyclique à la lutte pour l’environnement, la protection de la terre « ce n'est plus une simple recommandation, mais une exigence après les blessures infligées par un usage irresponsable et les abus ».

Un seul mot dans les trois pays visités, Équateur, Bolivie et Paraguay : une meilleure répartition des terres et des richesses. Il a appelé à lancer « une révolution » pour évangéliser l'Amérique, « un cri » pour « guérir les blessures » et « construire des ponts ». Il a condamné les idéologies qui fabriquent des pauvres, demandé pardon pour la violente colonisation saupoudrée de religion qui a notamment décimé les indigènes d’Amazonie. Pour bien marquer cette volonté de se rapprocher des peuples premiers, il a même célébré une messe en langue guarani, une première dans l’histoire de la chrétienté en Amérique latine.

Lucien Mpama

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