Samuel Kidiba : «L’EPA va continuer à appuyer des projets culturels au Congo »

Mercredi 8 Juillet 2015 - 17:53

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’ancien directeur général du patrimoine et des archives au ministère de la Culture et des arts occupe depuis le mois de janvier dernier le poste de directeur de l’Ecole du patrimoine africain (EPA). Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, Samuel Kidiba présente cette école panafricaine qui ne manque pas de projets pour le Congo.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Pouvez-vous nous présenter brièvement l’institution que vous dirigez actuellement au Bénin?

Samuel KIDIBA (SK) : L’Ecole du patrimoine africain est un établissement universitaire à caractère régional spécialisé dans la conservation et la médiation du patrimoine culturel africain. Elle a été créée en 1998 par l’ICCROM, le Centre d’études International pour la conservation et la restauration des biens culturels, basé à Rome en Italie, et l’Université d’Abomey-Calavi, la première et plus grande université du Bénin. L’Ecole a le statut d’organisation internationale au Bénin depuis le 14 mai 2009 et a été reconnue comme une institution à vocation panafricaine depuis le 31 janvier 2015 par l’Union africaine. J’en suis le troisième directeur. La mission de l’EPA est de contribuer au développement socio-économique des pays et peuples africains, à travers la conservation et la valorisation de leurs patrimoines culturels.

LDB : Quelles sont les actions que mène l’EPA ?

SK : Pour atteindre ses objectifs, l’EPA fait de la formation de professionnels du patrimoine, de l’éducation au patrimoine. Elle propose son expertise et son assistance dans les projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine pour le développement durable, l’édition d’ouvrages spécialisés, etc. Il est important d’ajouter que  si au départ la zone de couverture de l’Ecole comprenait 26 pays francophones, lusophones et hispanophones au sud du Sahara, depuis, janvier dernier son champ s’est élargi à l’ensemble du continent et à la diaspora (6e région africaine). L’Ecole dispense des formations diplômantes notamment une Licence professionnelle en sauvegarde et valorisation du patrimoine et une Licence professionnelle en conception et mise en œuvre de projets culturels. Elle se prépare à délivrer dans un proche avenir, des Masters. Mais elle organise surtout beaucoup de formations continues à l’intention des professionnels sur le patrimoine immobilier, le patrimoine naturel, le patrimoine mobilier ou encore le patrimoine immatériel.

LDB : Quelle est votre vision pour cette école et quelles sont les actions qu’elle a déjà menées au Congo ?

SK : Ma vision est de mettre l’EPA au service d’un véritable développement africain, en redorant son aura dans le partage des offres culturelles, en mettant en place un véritable projet d’intégration régionale à visage culturel et une stratégie simple de levée de fonds, prioritairement dans la zone géographique où elle intervient. L’EPA joue un grand rôle en Afrique et à ce titre, elle a déjà organisé plusieurs activités au Congo, tant à Brazzaville qu'à Pointe Noire. Elle a surtout contribué à former plusieurs cadres et professionnels du patrimoine congolais. Les actions de l’EPA sont nombreuses et on ne peut toutes les citer ici.Toutefois, il faut signaler que l’EPA est partenaire technique dans le noble projet de réhabilitation du musée Mâ Loango à Pointe – Noire par Total E&P.

LDB: En tant que nouveau directeur de l’EPA, quelle contribution vous-même et votre institution, pouvez apporter à la République du Congo ?

SK : L’EPA travaille déjà et va continuer à travailler avec le Gouvernement du Congo Brazzaville, notamment sur le projet de valorisation de l’ancien port d’embarquement des esclaves à Loango qui est un projet cher au président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Ensuite, il y a le classement sur la liste du patrimoine mondial de la Cité royale de Mbé et bien d’autres, mais nous allons surtout appuyer le Gouvernement dans le classement de la danse initiatique Kiébé-Kiébé qui est aussi un projet porté par le président de la République. La liste n’est pas exhaustive. Bref, l’EPA reste ouverte et disponible à travailler et à appuyer le Congo, le ministère de la Culture et des arts, les associations, ONG et autres organisations qui œuvrent dans son champ d’action.

LDB : Vous êtes gestionnaire du patrimoine culturel et muséologue, diplômé de l’université Senghor d’Alexandrie, avec une riche expérience professionnelle, puisqu’ayant également dirigé l’Ecole de peinture de Poto-Poto. Qu’est-ce que vous pouvez dire, en conclusion, sur le patrimoine congolais ?   

SK : Le Congo Brazzaville est un pays aux potentialités culturelles très riches. Chaque département a un site naturel ou culturel, une pratique culturelle matérielle ou immatérielle, un vestige centenaire, des écrivains et j’en oublie. Pour cette raison, au moment où l’on parle d’industrialisation du pays, d’investissement après pétrole, le patrimoine culturel est l’une de portes de sortie que l’Etat a le devoir de valoriser. De nombreux gouvernements du continent africain l’ont compris et appliquent la politique d’un vrai développement culturel durable. Les pratiques culturelles peuvent drainer des flux touristiques, favoriser une industrie culturelle, générer des emplois, favoriser la cohésion entre habitants du même pays et, favoriser, au-delà, la véritable intégration  africaine qui brise les frontières coloniales. Une intégration qui commence par remettre en cause la méfiance entre les filles et fils d’une même patrie et qui ont en partage une même histoire, une même culture millénaire. Voilà la voie à suivre pour un Congo du développement, et c’est tout comme cette Afrique de 2063 du rêve porté par l’Union Africaine. L’Ecole du patrimoine africain est désormais ce bras technique disposé à appuyer tous les pays du continent dans leurs projets de développement culturel.

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Samuel Kidiba, directeur de l’École du patrimoine africain

Notification: 

Non