Santé : le médecin italien guéri d’Ébola annonce son retour prochain en Sierra Leone

Jeudi 5 Mars 2015 - 17:18

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le Dr Fabrizio Pulvirenti est plus que jamais convaincu de la fin proche d’Ébola. Mais tout le monde doit s’y mettre, soutient-il.

Ramené d’urgence de la Sierra Leone en novembre dernier, le Dr Fabrizio Pulvirenti n’a cessé de multiplier les interventions depuis que l’hôpital romain qui l’a soigné l’a déclaré guéri du mal mi-février. Pendant trois mois admis à l’hôpital Spallanzani, ce médecin de 50 ans, volontaire de l’organisation italienne de santé Emergency, a lutté contre la mort. Son état de santé a oscillé entre l’espoir d’une guérison rapide et la brutale dégradation qui a fait craindre une mort qui aurait été traumatisante pour tous. Le « cas Pulvirenti » était en effet devenu une cause nationale en Italie.

Chercheurs, humanitaires, politiques et même évêques catholiques s’étaient saisis de son état, luttant avec les armes chacun de son domaine pour qu’il soit sauvé. Il y allait d’une vie humaine (et de beaucoup d’autres derrière lui), mais aussi d’un certain orgueil national italien. Le Dr Fabrizio Pulvirenti a été soigné avec un protocole mis au point par les chercheurs italiens, sa mort aurait signifié beaucoup. « Dieu merci, et grâce à sainte Agathe, il en a réchappé », devait dire l’évêque de Catane, au sud de l’Italie, d’où le médecin est originaire. Le maire de la localité l’a décoré de l’insigne de la « Candelora d’oro », la plus haute distinction municipale pour son courage.

Depuis, l’homme n’a cessé de multiplier les conférences et les interventions pour exhorter l’Italie à en faire davantage pour lutter contre Ébola en Afrique. Le pays a fait beaucoup : les volontaires italiens sont allés monter des structures de soin en Sierra Leone et au Libéria ; ils ont mené de premiers tests de vaccins au Mali et le gouvernement a accordé des tonnes d’équipements à la Guinée. « Je suis prêt : j’ai donné ma disponibilité, dès qu’ils me rappellent, je repars. Ce sera peut-être mi-mai à moins que, d’ici là, l’épidémie ait été définitivement vaincue », a dit le Dr Fabrizio Pulvirenti.

Depuis l’éclatement de cette autre vague de contamination au virus Ébola, touchant plus spécialement l’Afrique de l’Ouest, les chercheurs en savent un peu davantage sur le virus. On sait, par exemple, qu’une personne guérie ne court plus le risque d’une deuxième contamination à Ébola selon le niveau de connaissance que les soignants ont du mal. Qui plus est, certains chercheurs incitent même à utiliser le sang des anciens patients pour renforcer la défense immunitaire des personnes non encore atteintes. C’est pourquoi il n’est plus rare de voir des occidentaux guéris repartir sur le terrain. Le Dr Pulvirenti suit l’exemple d’un infirmier britannique revenu au Libéria pour se joindre aux soignants.

« En Afrique, la maladie s’est répandue en presqu’un an et demi parce qu’elle a atteint des pays comme la Guinée, la Sierra Léone et le Libéria qui n’avaient jamais été confrontés au virus. Par contre, la République démocratique du Congo a vite contenu et combattu l’épidémie parce que, connaissant déjà le virus, ils ont su tout de suite comment se comporter. Guinée, Sierra Léone et Libéria ont été pris au dépourvu. Ne sachant pas la capacité de propagation du virus, celui-ci a vite atteint les centres urbains », estime le médecin.

Le Dr Pulvirenti souligne l’expérience acquise par son ONG, Emergency, sur le terrain. « Je crois que l’intervention des opérateurs de santé a été la clé de mise sous contrôle de l’épidémie. Sûrement Emergency a fait beaucoup en cela parce qu’elle a été la première organisation qui a visé non pas tant l’isolement mais la thérapie sur les malades, réussissant à faire baisser le nombre des morts de 40% », a-t-il relevé. Soulignons que la dernière phase d’essais cliniques d’un vaccin canadien contre Ébola, le VSV-EBOV, va être lancée samedi en Guinée.

Mais malgré ces bonnes nouvelles, en Italie des municipalités du sud du pays confronté au débarquement de vagues d’immigrés mettent en garde contre un enthousiasme démobilisateur. « Êbola est sur le point d’être vaincu, mais l’Europe ne doit pas le considérer comme le problème des seuls Africains. La maladie peut faire un retour brutal dans n’importe quel pays à partir d’une seule personne malade qui s’ignore et qui en infecterait d’autres », a averti mercredi un responsable sanitaire dans la ville sicilienne de Lampedusa.

Lucien Mpama