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Un verre d'eau

Samedi 29 Mars 2025 - 16:57

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Après des mois passés à se rendre coup pour coup par médias interposés, les plus hautes autorités du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC) ont pris une pause. Le 18 mars, dans le plus grand secret, les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi se sont parlés à Doha, sous le regard de son Altesse Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, Emir de l’Etat du Qatar. Il y avait longtemps que les deux hommes ne s'étaient pas regardés dans les yeux.

Même si le choix du Qatar comme lieu de " réconciliation " fait au détriment de Luanda, en Angola, où deux rendez-vous de suite ont échoué, il faut considérer le côté "positif " de cette rencontre au sommet de Doha. À partir du moment où l'objectif est de mettre un terme à l'effusion de sang en cours à l'Est de la RDC depuis trois décennies, qu'importe la ville des retrouvailles, l'essentiel est que l'on aboutisse à l'apaisement.

Une chose est indéniable, les premières initiatives pour résoudre la crise dans les provinces « insurgées » du Sud et du Nord Kivu, toutes africaines, ne visaient que le même résultat : consacrer le retour à une paix durable dans la région des Grands Lacs par le dialogue ; œuvrer à ce que la RDC sécurise ses frontières et que les relations avec ses voisins de l'Est, en particulier avec le Rwanda, reviennent à la normale.

À de nombreuses reprises, dans les colonnes de notre journal, qui a l'avantage d'être distribué à Brazzaville et à Kinshasa, capitale de la RDC, nous n'avons pas cessé de prôner une issue pacifique à ce conflit qui n'a que trop duré. En revanche, il est tout à fait justifié que le gouvernement de Kinshasa s'insurge contre les massacres de civils et les prédations de toutes sortes. D'autant plus que la présence de la mission de paix des Nations unies sur place depuis des décennies n'est pas parvenue à stabiliser la situation.

En même temps, récuser toute idée de dialoguer avec les rebelles ou leurs soutiens en privilégiant la seule option militaire équivaudrait à perpétuer la crise. Dans le cas d'espèce, le Rwanda, dont la proximité avec la rébellion de l’AFC/M23 est avérée et dénoncée tant à l’international que par la RDC, fait partie du problème et de la solution. Comment obtenir que les frontières des deux pays redeviennent des points de passage où fleurissent les échanges bénéfiques pour leurs populations ?

C'est à cette question que les gouvernements de Kinshasa et de Kigali devraient répondre. Car, tant que les autorités investies de la légitimité régalienne refuseront de se parler, les rebelles profiteront de l'absence de leadership pour consolider leurs mouvements. En dépit des écueils, il faut prier que l'entrevue de Doha réussisse là où les processus de Nairobi et de Luanda ont battu de l'aile.

Ceci dit, l'Afrique n'a pas renoncé à jouer le rôle qui lui revient dans le rapprochement des vues entre Kinshasa et Kigali. Il suffit aux deux parties de montrer de l’intérêt pour l'offre, aussi symbolique soit-elle, que les voisins leur proposeront. Par exemple, un verre d'eau à température ambiante pour ne pas irriter la gorge et pour renoncer aux attaques personnelles. Sur ce dernier point, on peut le dire, la RDC et le Rwanda ont excellé ces derniers temps. Sans accomplir le moindre progrès sur le chemin de la paix.

 

Gankama N'Siah

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