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Gabon: sauf surpriseSamedi 15 Mars 2025 - 16:41 À quelques semaines de la tenue de l’élection présidentielle, le 12 avril, au Gabon, il est de bon ton de concéder que sur le papier tous les candidats retenus partent à chance égale. Mais l’on se demande si en dernier ressort, l’artisan du processus en cours n’en récoltera pas les ultimes bénéfices. Brice Clotaire Oligui Nguema, président sortant de la transition ; Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre ; Joseph Lapensée Essingone, juriste; et Stéphane Germain Iloko Boussengui, médecin, tous flanqués de deux prénoms, parfois aussi de deux noms, sont les quatre hommes à l’affiche. Relativement jeunes, ils vont tenter de séduire leurs compatriotes au cours de la campagne électorale qui s’ouvre le 29 mars. Quand bien même tous les quatre ont leurs chances dans cette épreuve, le chef de l’Etat de transition peut posséder une aura de sympathie auprès de l’électorat gabonais. Non seulement il a conduit ses dix-huit mois de pouvoir de bout en bout sans discontinuer mais en face, l’ex-Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba de janvier à août 2023, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ne portera pas seul l’étendard de l’opposition. Oligui n’a pas créé un parti mais il entend mettre à profit cette période de recomposition de l’aréopage politique de son pays pour attirer à lui les hommes et les femmes convaincus par l’originalité du « Mouvement des bâtisseurs », la plateforme qui sous-tend sa marche au pas de charge vers le Palais du bord de mer de Libreville. Locataire transitoire, il voudrait cette fois y séjourner un peu plus longtemps. S’agissant de l’opposition, Bilie-By-Nze et Iloko Boussengui qui étaient sur le point d'en incarner les aspirations n’ont pas pu s’accorder sur une candidature unique du groupement Ensemble pour le Gabon que dirige l’ancien Premier ministre. Par ailleurs, le bannissement pour trois ans de l’ex-parti unique, le Parti démocratique gabonais, a dû couper l’herbe sous le pied des personnalités les plus en vue de l’époque. La dispersion des voix de ce qu’il reste de l’opposition pourrait donc jouer en faveur du camp adverse et pour le cas d’espèce, celui des « Bâtisseurs ». Son meneur, Brice Clotaire Oligui Nguema, bat désormais le rappel des forces vives de la nation implorant « la jeunesse, les syndicats, les partis politiques, les associations, les intellectuels » à accompagner son engagement d’aller de l’avant. Alors que le dialogue national organisé du 8 au 25 avril 2024 à Libreville préconisait une transition étalée sur cinq ans pour des élections organisées en 2027-2028, la convocation des électeurs plus tôt que prévu participe de la volonté des autorités en place d’éloigner le spectre de l’incertitude. Un pouvoir d’exception qui s’éternise peut devenir une source de contentieux inextricables entre ses principaux acteurs. De ce fait, « précipiter » le calendrier permet un retour rapide à l’ordre constitutionnel, quitte à ce que chacun s’y conforme sans faux-fuyant. Le soir du 12 avril, peut-être le lendemain, ou dans tous les cas au bout du processus électoral, les enfants du pays auront fait le choix de l’homme parmi les quatre concurrents qui incarnera le mieux à leurs yeux leur désir de bâtir le Gabon dans la cohésion et l’unité. Loin de nous l’idée d’avancer que les jeux semblent faits pour le candidat le plus en vue à même de s'installer aux affaires pour les sept prochaines années.
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