Coopération Congo – France : Anatole Collinet Makosso détend l’atmosphère entre les deux paysSamedi 22 Mars 2025 - 10:00 Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a accordé au magazine Jeune Afrique, le 21 mars, une interview au cours de laquelle il a apporté des éclaircissements alors que le contexte entre le Congo et la France est tendu. En ligne de mire, une mission du chef de l’État, Denis Sassou N'Guesso, en France début avril.
Anatole Collinet Makosso a confié qu'« Antoinette Sassou N'Guesso n’a enfreint aucune loi en République du Congo ou à l’étranger ». Une précision en réponse à la descente policière dans son appartement parisien, effectuée fin février par une équipe de l’Office central français pour la répression de la grande délinquance financière. Cette intrusion avait été ordonnée dans le cadre d’une enquête ouverte sur les présumés biens mal acquis des proches du président congolais en France. Les policiers étaient porteurs d’un mandat d’amener émis par le juge Serge Tournaire à l’encontre de la Première dame, laquelle, alors présente en France à l’occasion d’un séjour régulier, a regagné le Congo quelques jours plus tard. Cette procédure, qui vient s’ajouter à celles visant d’autres membres de la famille présidentielle, a ulcéré le chef de l’État congolais. « Je crains que de telles procédures, engagées en France sous couvert de lutte contre la corruption, n’aient qu’un seul objectif : instrumentaliser l’émotion populaire, au détriment de la rigueur juridique. Nous serons extrêmement vigilants à ce que le respect du droit et de la souveraineté du Congo ne soit jamais remis en cause par des procédures abusives et vexatoires, motivées par des agendas politiques cachés », a clarifié le Premier ministre. Il a précisé que la justice congolaise est donc seule compétente pour juger ses citoyens, et toute tentative d’immixtion étrangère doit passer par des mécanismes de coopération judiciaire reconnus, tels que la commission rogatoire internationale, tout en respectant le principe de subsidiarité. « La justice ne doit jamais devenir un outil de vengeance ou d’intimidation », a rappelé Anatole Collinet Makosso. Confirmer les bonnes relations entre le Congo et la France Quant à la prochaine mission présidentielle en France prévue les 4 et 5 avril, le chef du gouvernement a expliqué que le président Denis Sassou-N’Guesso a été invité par son homologue français, Emmanuel Macron, dans le cadre d’une visite d’État, dont l’objectif est de confirmer les bonnes relations internationales entre les deux pays, à un moment où le monde est en proie à de grandes crises géopolitiques. « Bien que nous ayons de bonnes raisons de déplorer cette procédure judiciaire, la qualité de ces relations bilatérales ne saurait être ébranlée par une démarche dont personne ne sait si elle peut prospérer », a confié le chef du gouvernement congolais. À propos de la validation par le Fonds monétaire international (FMI), le 12 mars, de la sixième et dernière revue de l’accord signé avec la République du Congo en 2022, une première fois que le pays mène à son terme une Facilité élargie de crédit, il a indiqué que la volonté politique du président Denis Sassou N’Guesso était de ne plus accepter ni le creusement du déficit de la balance des paiements, ni l’accroissement de la dette extérieure. De ce fait, le gouvernement n’a fait que suivre rigoureusement cette feuille de route pour parvenir à cette stabilité macroéconomique, malgré un contexte international difficile marqué par la crise post-covid, la guerre en Ukraine et la volatilité des prix du pétrole. « Bien que modérée, notre croissance économique a progressé de manière constante, pour passer de – 8,1 % en 2020 à 2,8 % en 2024, selon une dynamique qui devrait se poursuivre pour atteindre un taux de 3,7 % cette année. Plus important, la part du secteur non-pétrolier augmente, preuve que le climat des affaires s’améliore et que notre économie se diversifie », a également expliqué Anatole Collinet Makosso. Le niveau de la dette publique stabilisé Autres précisions, dans le même temps, le gouvernement a mis en place une politique qui a permis de réduire le déficit budgétaire et de stabiliser le niveau de la dette publique. La dette extérieure du pays est ainsi passée de 62,4 % du produit intérieur brut en 2020 à 34,4 % en 2024. Plus spécifiquement, le problème de la dette dite « toxique », vis-à-vis des traders, est aujourd’hui réglé pour permettre au Congo de maîtriser ses cargaisons de pétrole. Il a fallu beaucoup d’efforts pour renégocier cette confiance et les bailleurs de fonds sont les premiers aujourd’hui à reconnaître les progrès accomplis en matière de réduction de la dette extérieure, de mise en place de réformes structurelles et de nouvelles bases pour un développement durable. La République du Congo est désormais perçue comme un partenaire fiable, capable de respecter ses engagements. Le Premier ministre a conclu cette interview par un constat : « Je constate de mon côté que c’est la première fois, depuis le point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2010, que la République du Congo mène à son terme un programme avec le FMI et je salue l’esprit de sacrifice du peuple congolais qui nous a accompagnés dans cette démarche salutaire pour notre pays. Nous voulons maintenir le cap et corriger les fragilités observées pour accroître la mobilisation de nos ressources internes qui reste la clé de voûte du financement de notre plan de développement ». Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo :Anatole Collinet Makosso/ DR Notification:Non |