Soudan du Sud: silence médiatique après le meurtre d’un journalisteSamedi 22 Août 2015 - 13:30 L’assassinat, par des inconnus, du reporter Peter Moi intervient quelques jours après que le président sud-soudanais, Salva Kiir, eut publiquement menacé de «tuer» tous les journalistes «travaillant contre le pays». Peter Moi, reporter du quotidien indépendant, (New Nation), a été abattu le 19 août à Juba par des inconnus de deux balles dans le dos, après avoir quitté son lieu de service. Pour protester contre cet acte barbare, les journalistes sud-soudanais ont décidé de faire la grève pendant 24h, en mémoire de leur confrère. Ils ont demandé une enquête, tandis que des organisations de défense de la liberté de la presse ont appelé le gouvernement à clarifier les propos tenus par le Président Sud-Soudanais la semaine dernière. «Si certains d’entre vous [journalistes] ne savent pas que ce pays a déjà tué des gens, nous allons le démontrer un jour», avait menacé le chef de l’Etat, des propos rapportés par le Comité de Protection des journalistes (CPJ). Selon ce Comité, les menaces du président sud-soudanais répondaient à des critiques sur le caractère stérile et interminable des négociations d’Addis-Abeba. En effet, le 17 août dernier, le chef de la rébellion au Soudan du Sud, Riek Machar, a signé à Addis-Abeba un accord destiné à mettre fin au conflit. Malgré les menaces de sanctions internationales et les condamnations des Etats-Unis et de l’ONU, le président Salva Kiir a refusé de le faire et a obtenu un délai de 15 jours pour « mener des consultations ». A plusieurs reprises, les organisations de défense de la liberté de la presse ont mis en garde contre le climat d’intimidation qui règne dans le pays et la volonté d’étouffer tout débat sur les moyens de mettre fin à la guerre civile, marquée par de nombreux massacres et atrocités, qui a fait des dizaines de milliers de morts. «Nous espérons sensibiliser au fait que les journalistes ne soient pas satisfaits de la gestion des évènements par le gouvernement et de faire pression sur le gouvernement afin qu’il agisse rapidement pour trouver le tueur de ce garçon», a déclaré Alfred Taban, directeur de l’Association pour le développement des médias au Soudan du Sud (AMDISS). Pour sa part, le secrétaire général de Reporter Sans Frontières, Christophe Deloire a déclaré: «Qu’un chef d’Etat menace de mort les journalistes de son pays est proprement criminel». Le Soudan du Sud est plongé dans la guerre civile depuis décembre 2013, lorsque des combats ont éclaté au sein de l’armée, menée par des antagonismes politico-ethniques alimentés par la rivalité à la tête du régime entre Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Ce pays occupe le 125ème rang sur 180 pays dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse. Yvette Reine Nzaba Notification:Non |