Terrorisme : le 4e Forum de Tana dominé par les questions de sécurité en Afrique

Mardi 21 Avril 2015 - 11:59

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Les questions de sécurité ne cessent, ces derniers temps, de préoccuper les dirigeants africains. Afin de trouver des réponses appropriées aux problèmes auxquels le continent est confronté, il s’est tenu le week-end dernier à Bahir Dar, sur les rives du lac Tana, en Éthiopie, de nouvelles assises consacrées aux questions de paix et de sécurité en Afrique.

La rencontre avait pour thème : « Laïcité et politisation de la foi ». Les organisateurs justifient le choix de ce sujet au fait que les conflits à connotation religieuse se multiplient à travers le continent. L’intérêt de la question a conduit les chefs d’État de l’Éthiopie, de l’Ouganda, du Kenya, du Rwanda et du Mali à faire le déplacement de Tana pour en débattre avec d’autres personnalités. Les analyses et autres discussions ont été focalisées sur l’impact des  religions sur la vie politique des Etats, notamment dans les pays de confession musulmane.

S’il a été admis que la religion est fondamentale, tous les intervenants ont néanmoins convenu que « son instrumentalisation reste un danger », non seulement en Afrique, mais aussi dans toutes les autres parties du monde.

Pour le continent africain qui souffre de la mal-gouvernance, de la pauvreté et du manque d’éducation, les analyses ont prouvé que les terroristes profitent souvent de cette situation pour recruter des jeunes gens dans leurs rangs. Ce qui a été illustré par les groupes islamistes Boko Haram et al-Shebab nés respectivement au Nigéria et en Somalie.

Le directeur de l’African Futures Institute - bureau du Sénégal -, Alioune Sall, a estimé que la situation au Nigéria avec l’insurrection lancée par Boko Haram ne peut s’expliquer autrement. « Quand on sait qu’au nord du Nigéria, le taux d’alphabétisation ne dépasse pas 19% alors qu’au sud, il est de 79%, il est certain que cette disparité explique un certain nombre de chose », a-t-il déclaré. « Il est certain également que la crise de l’emploi, la nature de la croissance que connaissent les pays africains, a ou ont constitué un terreau fertile pour ces mouvements islamistes », a-t-il argumenté.

L’analyste a néanmoins noté que si Boko Haram sévit depuis plusieurs années, l’internationalisation des violences ces derniers mois s’explique surtout par la faiblesse de la lutte menée par les autorités nigérianes contre la secte islamiste.

« L’attitude réactive qui est celle qui prévaut actuellement est une attitude coûteuse à tout point de vue, a relevé Alioune Sall. Il est certain qu’il aurait fallu trouver un modèle de développement qui, tout en générant la croissance, enraye les mécanismes qui créent les inégalités et les disparités. Les élites africaines n’en ont pas été capables où elles en ont été empêchées »

La plupart des intervenants ont appuyé leurs propos sur les politiques d’ajustement structurel des années 1980. « La solution ne peut être seulement militaire », ont-ils souligné, précisant qu’il est impossible de faire face au terrorisme sans élever la qualité de vie de nombreux jeunes qui cherchent à rallier les fondamentalistes musulmans.        

 

    

 

Nestor N'Gampoula