Patrimoine national : l'architecte David Adjaye veut mettre en valeur la baie de Loango

Mercredi 2 Juillet 2014 - 13:12

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L’architecte ghanéen de renommée internationale, qui vit entre l’Angleterre et les États-Unis, est en séjour à Brazzaville. Il a été reçu par le chef de l’État congolais, Denis Sassou N’Guesso, à qui il a présenté son concept sur la valorisation de la baie de Loango, dans le département du Kouilou, le 30 juin dernier

Le projet, dont il a présenté le concept au chef de l’État congolais, concerne la construction d’une infrastructure de haut standing valorisant ainsi la baie de Loango. Cet endroit rappelle le passé douloureux que le peuple congolais a connu ainsi que les peuples d’autres pays qui ont transité par là pour un voyage sans retour, une sorte de mort qui ne disait pas son nom, un voyage éloignant définitivement de ses parents, de ses aïeux, de sa terre natale.

« Je suis venu au Congo pour présenter un concept qui concerne un projet très important pour le pays. Il s’agit du projet sur la baie de Loango. Il est donc question de montrer l’importance de ce site dans la route de l’esclavage. J’espère qu’il y aura une possibilité de faire un centre d’histoire très important, qui célèbre cette partie du Congo, qui parle aussi de la diaspora et de l’esclavage aux États-Unis ainsi que de la position de l’Afrique dans le monde dans le passé, le présent et le futur. Avec le président Denis Sassou N’Guesso, nous avons parlé de l’importance de ce site de Loango dans l’histoire du Congo », a déclaré David Adjaye.

Ce projet est très important, parce qu’il permet et permettra de comprendre ce qui s’est passé dans cette partie du pays. « Nous allons explorer et regarder comment réaliser ce projet, et surtout montrer son importance au peuple africain », a-t-il expliqué.

David Adjaye, un architecte doué d’une sensibilité et d’une vision artistiques

L’architecte ghanéen exerce partout dans le monde mais surtout en Afrique dont il veut contribuer au développement. Ses projets sont très variés et concernent, entre autres, aussi bien le domaine de l’enseignement que les résidences privées… Avec son équipe, il apporte un regard positif sur le continent noir.

En tant qu’architecte principal, il s’implique dans chaque projet, et a remporté avec son équipe des concours prestigieux. Le plus important par sa taille et le plus récent est l’École de management Skolkovo de Moscou, livrée en 2010, qui lui a valu une reconnaissance internationale. « La conception de Skolkovo est audacieuse et extravertie dans tous les sens du terme. En termes de stratégie, mes bâtiments ont tendance à se dévoiler lentement vers le cœur, plutôt que de révéler d’une seule fois. Même lorsque les bâtiments sont audacieux à l’extérieur, ils ont encore un sens dans leur dévoilement. Skolkovo a probablement un extérieur plus audacieux, mais il y a un degré étonnant de richesse quand vous venez à l’intérieur avec ses espaces fractionnés », explique-t-il.

Les projets en cours comprennent notamment la reconception du musée national Smithsonian de la culture et de l’histoire afro-américaines (500 millions de dollars), dont il a remporté le concours pour sa réalisation. Il dirige l’agence Freelon Adjaye Bond/Smith Group (FAB), qui est chargée de créer un projet incarnant l’esprit afro-américain, majestueux mais exubérant, digne mais triomphant. L’ambition est de créer un bâtiment à la hauteur de la vision du musée et de sa place de premier plan sur le National Mall.

Ce dix-neuvième musée de la Smithsonian Institution ouvrira ses portes en 2015 et le président américain, Barack Obama, tient à l’inaugurer avant la fin de son mandat. Lors de la cérémonie marquant le début des travaux de construction, le 22 février, David Adjaye a expliqué : « Je veux que les visiteurs voient que des Américains tout à fait ordinaires ont pu faire des choses extraordinaires et qu’ils voient dans ce musée non seulement une tragédie, mais aussi une célébration de la vie. »

Le président Barack Obama veut également que ses filles voient les chaînes des esclaves qui font partie de la collection du musée, mais qu’elles écoutent aussi la trompette de Louis Armstrong. Et quand les générations futures entendront parler des combats et des sacrifices des Afro-Américains, il espère qu’elles situeront ces événements non pas en marge de la grande histoire de l’Amérique, mais dans la place centrale qu’ils occupent, une partie importante de leur histoire partagée.

Reconnu aussi bien au Royaume-Uni qu’en Russie et aux États-Unis, David Adjaye a également travaillé pour le centre Musheireb à Doha, Qatar : il s’agissait de dessiner et d’introduire une nouvelle typologie d’appartement au Qatar, en ancrant un langage contemporain dans un patrimoine historique important.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

L’architecte ghanéen David Adjaye (à droite) et son assistant (© DR)