France-Afrique : les enjeux de l'aide au développementSamedi 4 Octobre 2014 - 14:33 Depuis deux ans, le budget français d’aide publique au développement n’a cessé de reculer d’environ 20%. Une baisse compensée par la mise en place de la taxe sur les transactions financières dont personne ne maîtrise le rendement. Pour la quatrième année consécutive, la France aura réduit ses crédits de l’APD. Il faut dire que le recul des crédits alloués à cette aide est programmée jusqu’en 2017. Ce qui a réduit le budget français dédié à la solidarité internationale de près de 420 milliards de FCFA depuis 2012, soit 20% de son montant total. Dans le budget 2015, la part consacrée à la solidarité internationale a reculé de 2,8% par rapport à 2014 pour atteindre 1.830 milliards de FCFA, ce qui représente une baisse de 52,5 milliards de FCFA. Sur le point, les crédits d’aide au développement vont continuer à diminuer jusqu’en 2017. Ce qui va représenter une coupe de 137,750 milliards de FCFA entre 2014 et 2017. Une aberration pour les ONG Une dégringolade soulignée par les ONG. « La mission « aide au développement » est coupée près de deux fois plus que l’ensemble des dépenses des ministères », a souligné la directrice de ONE France, Friederike Röder, qui a ajouté : « Pourquoi se focaliser sur un budget qui représente moins de 1 % du budget total de la France et vouloir faire payer aux populations les plus pauvres notre déficit budgétaire ? » À en croire le gouvernement français, la baisse des crédits ne devrait pas affecter les grandes priorités en matière d’aide au développement grâce à la hausse des financements innovants. Il est prévu que la taxe sur les transactions financières, dont une partie finançait déjà l’APD prenne de l’ampleur et relaie la baisse des crédits. Les taxe sur les transactions financières, un relai insuffisant à l’APD C’est le cas du prélèvement de 0,2% sur les achats d’action d’une centaine de grandes entreprises françaises dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard d’euros taxe sur les transactions financières. Une partie de cette taxe est reversée au budget développement. En 2014, la part du produit de la taxe était de 15%. Elle sera de 25% en 2015, en vue de compenser la baisse des crédits. Un relèvement qui ne garantit par une hausse réelle des montants affectés au développement. Le gouvernement table sur des recettes de 300 millions d’euros pour l’ensemble de taxes allouées au développement (la taxe sur les transactions financières et la taxe sur les billets d’avion). Pour le responsable Plaidoyer financement du développement à Oxfam France, Christian Reboul, « l’ampleur que prend l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest et sa propagation au-delà de la zone met en lumière l’importance d’aider les pays fragiles, à renforcer durablement leurs systèmes de santé, au risque d’assister à des catastrophes comme celles à laquelle on assiste aujourd’hui ». Il note que « l’aide sous forme de subventions à destination des pays pauvres prioritaire de l’aide française est d’une rare faiblesse. À ne pas mobiliser les crédits nécessaires pour prévenir les tensions et les crises, nous serons condamnés à assister à ce jeu de faux semblants au détriment d’une réponse efficace », conclut-il. Noël Ndong |