Guerre de l’Est : Déo Namujimbo évoque une vision infernale

Mardi 7 Octobre 2014 - 20:00

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Dans sa dernière publication, Je reviens de l’enfer, le journaliste et écrivain en exil dévoile le reportage qu’il a effectué d’août à septembre 1998 dans cette partie meurtrie de la RDC en relative accalmie.

La couverture de Je reviens de l’enfer, Reportage de guerre à l’est de la RD Congo (août-septembre 1998)Avec un titre comme celui-ci, les lecteurs pourraient penser avoir affaire à un ouvrage de science-fiction, pourtant Je reviens de l’enfer, n’en est pas un. Il repose cependant sur le témoignage direct du journaliste Déo Namujimbo. Impensable que ce soit là l’intitulé du reportage de l’ancien correspondant de Reporters sans frontières qui n’a pas trouvé titre plus convenable pour décrire la dure réalité à laquelle il a fait face comme l’indique le sous-titre, à l’occasion de son « Reportage de guerre à l’est de la RD Congo (août-septembre 1998) ».

D’aucuns pourraient le juger excessif mais à prendre connaissance du contenu, il y aurait bien de quoi se raviser à savoir que : « Plus de huit millions de morts en moins de quinze ans », c’est bien lourd et horrible comme bilan. L’on comprend le désappointement de l’auteur que «  quasiment personne n’en parle en France et en Belgique. Comme si la République dite démocratique du Congo n’existait pas et n’intéressait personne ». De fustiger ici avec virulence ce qui pourrait passer pour le pire des complots  : « Et pourtant, le monde entier a les yeux rivés sur ses incommensurables richesses, les usines d’armement fonctionnent à plein régime pour approvisionner les innombrables groupes armés créés de toutes pièces par les grands de ce monde, avec pour seule et unique mission de faire main basse sur les minéraux stratégiques dont la cassitérite et surtout le coltan, indispensable dans la fabrication des téléphones et ordinateurs portables et autres appareils de navigation ».

Plus que de la simple curiosité, du reste une qualité primordiale du journaliste, Déo Namujimbo donne les motivations de sa démarche. Elles sont à tenir pour une quête « pour essayer de comprendre ce qui se passe sur les fronts de guerre, en pleine "rébellion-mutinerie" visant à destituer le chef de l’État de l’époque Laurent-Désiré Kabila ». Voilà ce qui le mènera à investiguer personnellement en août-septembre 1998. D’en témoigner ainsi dans son livre  : « Je me suis glissé dans la brigade "rebelle" du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) commandé à partir de Kigali au Rwanda ». Voilà que « deux mois durant, seul civil au milieu de 5 000 soldats assoiffés de sang et de rapines, de Bukavu à Kalemie (1 700 km), à pied, en camion et en pirogue, j’ai vécu les pires horreurs de ma vie : des milliers de paisibles civils et militaires congolais achevés à la mitraillette ou éventrés sous mes yeux ahuris, quartiers et villages entiers bombardés ou incendiés au lance-flammes, banques et magasins pillés, etc. ».

Par ailleurs, le plus choquant du récit serait la révélation de cette découverte incroyable où l’on peut lire une sorte de dépit  : « Et les auteurs de ces ignominies sont aujourd’hui au pouvoir… ». Ce serait assurément là la raison de son départ du pays « après avoir échappé plusieurs fois à la mort », comme le certifie L’Harmattan. En effet, l’éditeur fait aussi savoir que Déo Namujimbo vit en exil avec sa famille. Mais l’auteur reste néanmoins résolument décidé à défendre la cause de sa mère-patrie où qu’il soit. De journaliste, il est passé conférencier. La quatrième de couverture nous apprend qu’il tient dès lors des conférences sur le thème « Est du Congo "démocratique" : de la convoitise des richesses à l’installation volontaire du chaos ».

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : La couverture de Je reviens de l’enfer, Reportage de guerre à l’est de la RD Congo (août-septembre 1998)