Francophonie : un Premier forum économique pour favoriser les échanges économiques

Mardi 2 Décembre 2014 - 14:30

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Ces assises qui visent entre autres à favoriser les échanges économiques en vue de la mise en oeuvre des bases économiques dans l'espace francophone ont été ouvertes le 1er décembre dernier, au lendemain du 15e sommet de l' OIF, à Dakar.

Organisée par l’Agence nationale pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX), en collaboration avec Richard Attias Associates,  à la suite du sommet de Dakar (29 & 30 novembre), la Francophonie a ouvert son 1er Forum économique en présence du président sénégalais Macky Sall, de l’ancien Secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf, du vice-président de la Banque mondiale (BM) Makhtar Diop, du maire de Bordeaux Alain Juppé, du ministre canadien du Développement international et de la francophonie Christian Paradis, de l’ancien ministre français de l’Economie, des finances et de l’industrie Thierry Breton ainsi que plusieurs décideurs politiques et économiques des cinq continents.

Ce sont des écoliers qui ont lancé un vibrant appel pour la mise en place des bases économique fortes et durables dans l’espace francophone. L’objectif du forum étant de favoriser les échanges économiques, l’interconnexion des territoires de l’espace commun, permettant également de réunir les acteurs économiques et de transformer la solidarité linguistique en opportunités économiques et perspectives de développement communs.

L’objectif final étant de faire éclore une véritable vision commune pour la Francophonie d’ici 2024, avec notamment la création d’un institut économique de la Francophonie. Deux principaux thèmes ont été retenus : "la dynamisation du potentiel de la communauté économique francophone, et la mise en place de l’Afrique au cœur de l’émergence de la Francophonie, à travers les opportunités de développement qu’offre le continent".

la Francophonie une force économique

Le président sénégalais Macky Sall est convaincu que la Francophonie est une force économique, à la lumière de son PIB, 16%, de ses réserves en ressources naturelles, 14% et de son commerce, 20% sur le plan mondial. La question que s’est posée le président sénégalais est la suivante : au-delà de la langue comment mener une transformation de ce potentiel  en opportunités en vue d’un accompagnement pérenne des échanges intra-francophones, convaincue que l’avenir de l’organisation ne peut se résumer exclusivement à la culture et à la politique, il se jouera désormais sur le terrain économique, a-t-il souligné, ainsi la région connaîtra la prospérité à travers les échanges commerciaux, et les investissements. Il a aussi souligné l’absence d’homogénéité et l’inégalité de puissance en des composantes de l’espace partagé.

Pour l’ancien secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, l’organisation dispose de tous les atouts pour réussir un espace économique dynamique, tout en recommandant la sécurisation des affaires par la création d’un environnement juridique idoine pour les investisseurs.

Alain Juppé et l’avenir commun entre l’Afrique et l’Europe

Le maire de Bordeaux n’a pas fait l’économie de ses convictions à la Francophonie, à l’Afrique et à la nécessité de resserrer le partenariat entre la France et l’Afrique, avec le devoir de développer davantage la dimension économique. Alain Juppé a aussi fait état de son attachement à la Francophonie  qui est un combat pour la modernité, un bien commun partagé avec quelques 250 millions d’hommes et de femmes à travers la planète. Mais, il pense  qu’elle doit aussi prendre une dimension économique compte tenu du fait que le commerce, les échanges font partie des relations entre les hommes. Pour le maire de Bordeaux, en ce XXIe siècle, l’Europe et l’Afrique ont un destin lié et qu’il est essentiel pour les Francophones d’être au premier rang pour construire un avenir commun.

A noter que le premier Forum économique de la Francophonie fait suite au sommet de la Francophonie qui a choisi de confier son secrétariat général à la canadienne Michaëlle Jean dont la  campagne s'est basée plus sur le volet économique de l’organisation.

la bonne santé des cultures  et des industires culturelles africaines

Il ressort des différentes tables rondes, organisées pour la circonstance que le français était porteur de littérature, de valeurs et de cultures diverses, mais aussi une langue des affaires, ce qui constitue une chance pour un développement partagé dans l’espace commun. Le cadre le permet, et donne l’opportunité de réfléchir en semble aux moyens pour son renforcement, en tissant de nouveaux liens basés sur une puissance économique dans laquelle l’Afrique  constitue une réserve de croissance incontournable.

Il  a été souligné que les industries culturelles qui ont été longtemps freinées par le phénomène de piratage deviennent, avec les Télécoms et la banque, l'un des secteurs porteurs. La numérisation de l’Afrique connaît des avancées qui donnent aux cultures africaines la possibilité de reconquérir les marchés audiovisuels.

Pour l’ancien patron de l’audiovisuel français, Hervé Bourges, l’Afrique reste d’une prodigieuse fécondité, terre nourricière pour la production artistique et culturelle dans le  reste  du monde, car   ses articles sont au cœur de l’innovation, dans la musique, dans la sculpture, l’architecture, la littérature, la danse, la mode, etc. Le marché de l’art qui tourne en rond en Europe, notamment en France connaît de nouvelles esthétiques grâce aux Africains. Il rêve d’une Afrique de plus en plus décomplexée qui assume à la fois sa francophonie, son anglophonie, sa lusophonie, qui ne crache pas sur les langues internationales qu’elle s’est appropriée.

La Francophonie et la croissance partagée

A Dakar, il sera impératif que le volet économique que viennent de se doter les pays de l’espace francophone ait un contenu concret. Le rapport de Jacques Attali, « francophonie et francophilie : moteurs de croissance » propose pour une Francophonie économique aujourd’hui insuffisamment exploitée, 53 proposition, notamment la création d’une union économique « aussi intégrée que l’Union européenne ».

Pour l’historien Elikia Mbokolo, ce ne serait que l’expression du dernier avatar du néocolonialisme économique  à travers le franc CFA « qui permet à la France de s’ingérer déjà dans les finances publiques de pays réputés souverains et cette monnaie reste selon lui, le principal obstacle à l’unification économique du continent africain. Alors que l’Afrique est en train de s’ouvrir à des partenariats diversifiés avec la Chine, le Brésil, la Turquie ou l’Inde, on peut redouter que la Francophonie économique ne soit que le moyen pour la France de conserver l’Afrique comme sa chasse gardée ».

 Elikia Mbokolo affirme par ailleurs que lors du sommet de Dakar, les Africains ont préféré se présenter à la succession d’Abdou Diouf en ordre dispersé, une occasion pour eux de montrer, malgré tout, leur solidarité pour conserver la tête de la Francophonie.

Pour l’économiste, président PAI Partners, Lionel Zinsou, penser sur  la question à partir de la relation France-Afrique est une vision dépassée, car « quand on pense francophonie économique, on parle aussi des relations entre pays africains ou de la présence de sociétés belges, suisses ou canadiennes. Si l’on regarde ce qui se passe dans les espaces lusophone ou arabophone par exemple, on réalise combien il est plus facile de faire des affaires quand on partage la même langue, mais aussi le même droit, les mêmes habitudes culturelles et de consommation ».

Noël Ndong