Basango Jazz Festival : la 4e édition a tenu ses promesses à Pointe NoireSamedi 13 Décembre 2014 - 10:27 Basango Jazz Festival a été créé par Willy Massamba et Adriana Basano, un couple très courageux, fervents militants de la culture. Tout démarre en 2002 lorsqu’il crée un petit espace culturel, Basango, au cœur du marché du Plateau, qui a rapidement trouvé son public parmi les intellectueles de la ville pétrolière. L’évolution de cet écrin culturel arrive en 2010 lorsque BaSango déménage dans un immeuble à côté avec une cour transformée en terrasse de café conduisant sur une salle qui abrite aussi bien des expositions photo et peinture que des cours de musique. BaSango devient dès lors un lieu incontournable pour les amateurs d’art contemporain et une galerie engagée pour les jeunes artistes d'originaire du Congo et de la RDC. Tous les deux ans, une nouvelle exposition s’y installe et attire la crème de la crème de Ponton. Ce n’est qu’en 2011 que le couple Willy et Adriana décide de lancer Ba Sango Jazz festival, un véritable défi dans une ville qui ne se soucie que très peu de la culture. Cette année, la 4è édition s'est déroulée du 4 au 6 décembre. Fatigués, mais heureux, Wilfrid Massamba et Adriana Basano évoquent cette aventure dans cet entretien avec Les Dépêches de Brazzaville. Les Dépêches de Brazzaville : Quel est le bilan de l’édition 2014 du Festiva ? Wilfrid Massamba et Adriana Basano : C 'est un bilan positif de par la présence d’une soixantaine d’artistes ayant participé au festival dont une quarantaine venue de l’étranger. Le choix du centre culturel Tati Loutard, comme lieu du festival pour cette année, dans un quartier, Mpita, où beaucoup d’expatriés cohabitent avec des familles locales a contribué à affirmer cet espace comme le meilleur lieu de spectacles à Ponton – le plus spacieux, le plus beau, le plus sécurisé, avec la meilleure accessibilité pour le public assez varié. DB : Pourquoi un si large choix musical pour un festival de Jazz ? WM et A.B : On a choisi le label Jazz Festival car le Jazz permet d’intégrer tous les genres musicaux. Il est ouvert à toutes les tendances. Cette année, nous avons intégré dans la programmation un groupe traditionnel téké par exemple. DB : Quel regard portez-vous sur l’évolution du festival ces quatre dernières années ? WM et AB : Le Festival a gagné en popularité et en notoriété. De plus en plus d’artistes reconnus nous contactent pour proposer leurs concerts. Basango arrive déjà à lancer certains artistes sur d’autres évènements. L'année dernière, grâce à leur présence au festival, les artistes Liz Babindamana et Armel Malonga ont été invités au MASA à Abidjan. C’est aussi ici que le groupe Ndima des autochtones Baka a lui aussi trouvé des contacts pour tourner en Europe. DB : Monter un évènement de ce type demande un réel investissement. Comment vous-vous en sortez ? W.M et A.B : On est encore à deux semaines du travail, après la fin du festival. Nous sommes encore occupés à payer les factures et à préparer les rapports à adresser aux sponsors. Nous sommes bien organisés au niveau de la comptabilité et de la traçabilité. Les sponsors nous font confiance et nous facilitent le financement. On est à deux, certes, mais les petites mains viennent nous aider pendant le festival. On arrive à travailler avec une petite équipe très engagée. DB : D’où vient votre courage, comment vous tenez le coup d'une entreprise culturelle entièrement privée sans subvention ? W.M et A.B : Cela fait des décennies, on fait ça par amour. Sans passion on ne pourrait pas tenir. On a ressenti un certain vide culturel à Pointe -Noire que nous voulons combler à notre manière et avec notre savoir-faire. C’est impossible de résister au virus de l’entrepreneuriat culturel tant la culture fait partie intégrante de notre vie. C 'est très dur, c'est très fatigant mais tant que l’on arrive à rendre le public heureux, on est heureux à notre tour. DB : Avez vous déjà une vision pour l'édition 2015 ? W.M et A.B : C'est encore trop tôt pour nous d'en parler mais on souhaiterait faire un hommage aux Amériques et à la diaspora afro- américaine, afro-caribéenne.
Propos recueillis par Sasha Gankin |