La 12ème édition du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs rend hommage cette année à Jacques Rabemananjara et Martial Sinda. Pourquoi ?
Nous avons choisi de rendre hommage cette année aux deux parrains du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs. Cela correspond, pour eux, à des dates anniversaires. Le premier, le malgache Jacques Rabemananjara, a disparu il y a 10 ans ; le second, le congolais Martial Sinda, publiait il y a 60 ans, le premier recueil de poèmes Aéfien (de l’Afrique Equatoriale Française) intitulé Premier chant du départ , publié par Pierre Seghers en 1955 et couronné par le Grand prix littéraire de l’AEF en 1956. Le thème 2015 de notre festival de poésie est : « Poètes insurgés des Afriques et d’Ailleurs ».
Cette manifestation poétique est le fer de lance du mouvement de la néo-négritude. Que revêt ce concept ?
Le Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs est la défense et l’illustration de la néo-négritude. La néo-négritude est un mouvement littéraire que j’ai inauguré en 2004. Il est fils de la négritude. Il est : revalorisation culturelle du monde noir dans les Lettres françaises, à une époque post ou néo-coloniale ; tout comme l’était la négritude à l’époque coloniale. Le Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs est à la fois un laboratoire d’écritures poétiques de la néo-négritude et une caisse de résonance pour le travail de mémoire que nous menons en direction d’événements marquants du monde noir et de ses grandes figures. Pour le 10ème anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, j’ai publié l’Anthologie des poèmes d’amour des Afriques et d’Ailleurs (Orphie, 2013) qui est le manifeste de la néo-négritude.
Le Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs se tient cette année à Belfort et à Paris. Pourquoi ce crochet par la Franche-Comté ?
La Franche-Comté est pour nous un lieu de pèlerinage important, car c’est dans cette belle région de France, plus précisément dans le village de Champagney (à quelques kilomètres de Belfort), que les Champagnerots ont condamné l’esclavage des Nègres dans leurs Cahiers de Doléances de 1789 ! C’est le seul village de France qui a dénoncé l’esclavage des Nègres, 50 ans avant son abolition définitive en 1848. Une Maison de la négritude et des Droits de l’Homme y a été créée en 1971 par René Simonin. Léopold Sédar Senghor l’a inaugurée, et en est devenu le protecteur. A la mort de ce denier, en 2007, Aimé Césaire en est devenu le second parrain. Nous souhaiterions que les Africains, les Antillais et les gens de toutes origines viennent en grand nombre visiter La Maison de la Négritude qui est un Musée, fort de symboles, dédié à l’esclavage et à son abolition.
Quels sont les temps forts et les nouveautés de cette douzième édition ?
Les récitals de poésie et débats se tiendront dans des endroits différents car la poésie épouse les lieux, les reflète et les transforme. Ce sont donc des temps magiques ! Nous serons : le 19 mars, dans l’enceinte de la prestigieuse Société des Poètes français (Paris 6e)créée en 1902, et dont je suis le Délégué général chargé de la Francophonie ; et Le 20 mars dans la Galerie Malaika-Jeanne de Savoie (Paris 6e), nous marierons poésie et peinture. Le temps fort de cette année, sera le 21 mars la commémoration des dates anniversaires relatives à Jacques Rabémananjara et Martial Sinda. La Clôture aura lieu le 22 mars dans un restaurant. Nous y présenterons l’ouvrage Noblesse d’Afrique d’Hélène de Gobineau réédité en 2014 par Présence Africaine. Ce livre publié en 1946, est un témoignage littéraire d’une marraine de guerre de tirailleurs sénégalais. On y retrouve les impressions de ces derniers face à la France et au Français. D’autres manifestations seront organisées pour prolonger notre thématique et nos hommages. En avril, notamment à l’occasion de la première édition du Printemps des arts croisés qui regroupera des peintres, des sculpteurs, des poètes et des stylistes. Nous souhaiterions également aller en Afrique, à Madagascar, en Guinée et pourquoi pas au Congo.