Attentat au Kenya : les réactions unanimes contre le massacre de 148 étudiants chrétiens

Samedi 4 Avril 2015 - 14:51

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L’attaque terroriste des islamistes somaliens d’Al Chabaab jeudi 2 avril contre l’université de Garissa au Kenya est la plus sanglante que le pays ait connue depuis 2011. Les réactions de la communauté internationale sont vigoureuses pour dénoncer, « une violence aveugle contre la jeunesse et l’éducation ».

Le Kenya est une fois encore la cible d’un attentat terroriste. Selon les autorités kenyanes, plus de 148 personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessées, le 2 avril, dans l’attaque d’un campus universitaire à Garissa, dans l’est du Kenya. Quelques heures plus tard, les terroristes somaliens ont revendiqué l’attentat, rapporte l’APF.

La réaction de la communauté internationale a été vigoureuse : la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, « condamne avec la plus grande fermeté », l'attentat perpétré jeudi à l'Université de Garissa, rapporte un communiqué. « S'en prendre à la jeunesse d'un pays, à des étudiants dans le campus d'une université qui représente le lieu de la connaissance et du progrès, traduit une volonté déterminée des terroristes de saper l'avenir d'une nation », a déclaré Michaëlle Jean dans le même communiqué. Même son de clôche du côté de Washington, puisque le soir de l'attentat, la Maison blanche a condamné avec fermeté « les attaques contre des innocents au Kenya ». La France, quant à elle, se dit prête à coopérer avec les autorités kenyanes dans la lutte contre le terrorisme : « Le président de la République exprime sa solidarité avec le peuple kényan, qui doit faire face au terrorisme le plus abject, celui qui s'attaque à la jeunesse, au savoir et à l'éducation », a indiqué l'Elysée dans un communiqué.

Enfin, le président de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamud, a dénoncé une « attaque barbare », en présentant aussi « ses condoléances aux familles de ceux qui ont été tués par des terroristes impitoyables ». Le dirigeant somalien a appelé à la coopération entre les deux pays pour lutter efficacement contre les islamistes Chebaab implantés en Somalie et qui sèment depuis près de deux décennies le chaos dans la région.

Les Al Chebaab ont multiplié les attentats sur le territoire kényan depuis 2011, jusqu’à Nairobi et sur la touristique côte du pays. Le ministre kenyan de l’Intérieur, Joseph Nkaissery a confirmé, lors d’un point de presse vendredi, l’arrestation de 5 suspects, version de l’AFP. Il a désigné Mohamed Kuno, un Kényan, ancien professeur de la ville, comme commanditaire de la prise d'otage qui a suivi le carnage.

En effet, le témoignage des survivants de l’attentat est bouleversant : « Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir », a témoigné à l’AFP Japhet Mwala, un étudiant qui a réussi à s'enfuir du campus, mais « certains n'ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant. J'ai de la chance d'être en vie ». Des rumeurs d'attaques contre l'université avaient circulé dans la semaine, ont fait savoir des étudiants : « Personne n'a pris ça au sérieux car ce n'était pas la première fois », a expliqué l'un d'eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, également étudiante, disait « avoir pensé à un poisson d'avril ».

La menace contre les établissements d’enseignement a été signalée par plusieurs sources académiques dans le pays. Après le massacre de plus de 28 passagers du bus de Mandera dont les victimes en majorité des professeurs, des syndicats de médecins, des dentistes, avaient conseillé aux membres de leurs professions de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que les autorités kényanes ne pourraient pas assurer leur sécurité. Environ 2000 professeurs travaillant dans cette partie du pays s'étaient manifestés en février dernier à Nairobi pour réclamer leur réaffectation, se disant « traumatisés » par les attaques récurrentes.

L’est du Kenya à quelque 700 km de frontière avec la Somalie, est la cible d’attaques terroristes. Le pays paie le prix de son engagement militaire dans la lutte contre les islamistes d’Al Chebaab en Somalie. Selon des chiffres officiels, au moins 200 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées en 2014 au Kenya dans des attaques revendiquées par les Chebaab.

 

 

Fiacre Kombo