Littérature : Aimé Eyengué lance une vaste campagne de vulgarisation du concept « la fleuvitude »Jeudi 30 Juillet 2015 - 16:27 Après la conférence sur ce concept à l’amphithéâtre « Les humanités » de Bayardelle à l’université Marien Ngouabi devant une multitude d’étudiants, le tour est revenu au Centre culturel russe (CCR) de Brazzaville d’abriter une double conférence pendant deux jours d’affilée sur la fleuvitude qui est née des 60 ans de la littérature congolaise.
Premier fleuve le plus profond au monde et deuxième fleuve le plus puissant après l’Amazonie, le fleuve Congo a donné de l’inspiration à l’écrivain Aimé Eyengué de lancer le concept « Fleuvitude » qu’il s’évertue depuis quelque temps à vulgariser. C’est ce qu’il ne cesse de faire de Paris à Brazzaville. Il a également saisi cette opportunité pour dédicacer son dernier ouvrage intitulé : « Par les temps qui courent », considéré comme le manifeste de la fleuvitude. Si la négritude est née d’Aimé Césaire, appuyée par Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Delmas, la fleuvitude, est née, par contre , d’Aimé Eyengué. La fleuvitude c’est la complétude. Elle a donc pour tronc Aimé Césaire qui dit dans son ouvrage « Cahier d’un retour au pays natal » paru en 1939, alors qu’il n’a que 26 ans : « A force de penser au Congo, je suis devenu un Congo bruissant des forêts et des fleuves… » En effet, si le 14 juillet c’est la reprise de la Bastille en France, le 14 juillet 1948 pour Jean Malonga (premier écrivain congolais), c’est la reprise du fleuve Congo occupé par les frères Tréchot. Jean Malonga, a dénoncé à travers ses écrits dans « Cœur d’Aryenne », l’injustice lorsqu’il parle du brassage entre le nord et le sud. Il le fait avec le décor de Mossaka en mettant en exergue Ngando « le Caïman ». Donnant le sens de ce concept, Aimé Eyengué a dit que « la fleuvitude: c’est un concept qui nous renvoie à nos origines, à nos sources. C’est un retour aux sources. La fleuvitude c’est la vie dans toute sa diversité. C’est aussi l’unité de deux Congos (la République démocratique du Congo et la République du Congo, qui sont un seul peuple). La fleuvitude c’est le fleuve et ses à-côtés. C’est la vie, et la vie c’est comme un bateau qui à chaque port débarque des passagers, comme des gens quittent la vie. La vie est donc autour du fleuve, autrement dit, la fleuvitude veut dire éveillez-vous, soyez hospitaliers, enracinez-vous, car il n’y a pas de mondialisation sans racine. Le monde n’existe pas, il n’y a que des territoires. » Et l’hospitalité de la fleuvitude on l’a vu avec la rivière Léfini. C’est un cours d’eau hospitalier qui a reçu Pierre Savorgnan de Brazza, pendant que l’Alima avait refusé la voie à cet explorateur. Parlant des temps qui courent, Aimé Eyengué, a dit : méfiance à gauche, méfiance à droite, des enlèvements à gauche, des enlèvements à droite, de la pédophilie, du capitalisme à tout va, tout ce qu’on connait avec les dérives de la mondialisation, Facebook vu dans l’autre sens, de l’exhibitionnisme, des traquenards, on n’a pas besoin de la certitude, on n’a pas besoin de se rassurer. Quand on est à l’étranger, on est toujours l’étranger de quelqu’un, on ne se rassure pas facilement. On a quelque fois besoin de se ressourcer, mais il se trouve que c’est ce concept qui explique cette réalité. Et pour nous, c’est aussi une façon, par ricochet, de faire la promotion du fleuve Congo. Le fleuve qui a fait que les populations puissent devenir sédentaires sur ses rives. Parce que l’homme suit toujours là où il y a de l’eau. D’où, « si vous voyez un fleuve, c’est qu’un arbre n’est pas loin. Autrement dit si vous voyez un fleuve c’est qu’un homme n’est pas loin. » Terminant son exposé, Aimé Eyengué a annoncé le thème de la troisième édition du Salon du livre de Brazzaville portant sur « Le fleuve Congo et nous ». Avant de lire pour le bonheur de l’assistance, l’un des textes de son dernier ouvrage titré « J’ai vu », dans lequel, il parle d’Emilie Flore Faignond (née en 1948) qui parle du Congo comme le fleuve qui est sa vie. Félicitant Aimé Eyengué pour son initiative, le directeur du Centre culturel russe, Sergey Belyaev, a déclaré que les fleuves jouent un grand rôle dans le développement socio-économique d’un pays. Même en Russie, le fleuve joue un grand rôle dans le domaine littéraire. Enfin, il a été projeté des images nautiques du fleuve et la projection de deux documentaires sur les fleuves: la Volga en Russie et le Zambèze en Zambie.
Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1 : une vue de l'écrivain Aimé Eyengué et le public
Photo 2 : Aimé Eyengué posant avec le directeur du Centre culturel russe et autres écrivains
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