Intervieuw : Gabriel Mwéné Okoundji : « Nos échanges avec le monde littéraire de Pointe- Noire ont été très enrichissants »

Jeudi 28 Avril 2016 - 18:30

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Gabriel Mwéné Okoundji, écrivain et poète congolais, résident à Bordeaux en France a séjourné plus d'une semaine à Pointe-Noire où il s’est échangé avec les élèves  des différents lycées et des créateurs, artistes vivant en terre océane. L’artiste qui a fait une escale à Brazzaville de passage au nord du congo avec la troupe d’Antoine Yirrika pour des spectacles, a accordé une interview aux Dépêches de Brazzaville.

  Les Dépêches  de Brazzaville (LDB): Quel a été le mobile de votre séjour à Pointe Noire ? 

Gabriel Mwéné Okoundji (GMO) : Je suis arrivé à Pointe Noire sur invitation de l’Institut français du Congo  de cette ville. La directrice de cet institut avait assisté à une représentation théâtrale dont le texte a été  tiré dans  mon ouvrage intitulé « stèles du point du jour : Dialogues d’Ampili et Pampou », une pièce  qui a été jouée par la troupe Tchicaya  u Tam ’si  que dirige Antoine Yirrika. A  la suite de ce spectacle, la directrice  a voulu savoir qui j’étais et elle a découvert qu’il y a un auteur congolais qu’elle ne connaissait pas et a souhaité que je vienne rencontrer les lecteurs de Pointe- Noire.

LDB : Comment avez-vous apprécié  la motivation de ces élèves ?

GMO : Ils étaient  venus nombreux pour m’écouter. D’ailleurs je suis  allé aussi dans les différents lycées  échanger avec eux  malgré  leurs conditions de travail  qui sont très difficiles. Ces élèves ont envie de se cultiver, le goût d'apprendre. Nos échanges ont été très enrichissants. Certains d’entre eux, après m’avoir rencontré le lendemain, sont venus  m’attendre à l’Institut français pour que je leur donne des conseils. Il faudrait  que le gouvernement construise des bibliothèques et des espaces cuturels. De son côté, le ministère de la Culture  doit également  faire  la promotion du livre et de la lecture car ces enfants veulent sortir de l’obscurité dans laquelle ils se trouvent.  

 

LDB :  avez-vous rencontré des difficultés avec ces élèves ?

GMO : L’une des choses qui m’a été difficile, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de nos enfants ne parlent plus les langues maternelles.  J’ai publié deux auteurs congolais, entre autres, Florent Sogni  Zaou  dans une revue  en France. Les textes ont été ecrits en langue Vili et Kongo, Aucun élève n’a pu lire, ça m’a fait très mal et je me dis que cette responsabilité  incombe aux parents qui n'apprennent pas la langue maternelle à leurs  enfants.  Les langues maternelles sont le fondement  à partir duquel  l’enfant construit  son intelligence plus tard. Au cours des rencontres avec les élèves,  je les ai parlé,  la joie de voir éditer  les langues congolaises dans une revue. Je souhaitais que ces enfants puissent lire ces textes.

La langue maternelle est un bien naturel, elle est comme l’eau qu’on boit,  comme l’oxygène qu’on respire. Le jour où une langue disparait, c’est  l’équilibre du monde qui sera réinterrogé.  C’est dans la langue maternelle qu’on peut nommer le mieux possible le bruit du cœur,  qu'on peut exprimer  le mieux possible une  émotion. C’est très important que les parents puissent continuer à enseigner à leurs enfants l’apport de la langue maternelle.

LDB : La compagnie Tchicaya  UTam’si , a-t-elle exécuté votre texte lors de sa représentation ?

GMO : je l’ai  déjà suivi à Brazzaville. Antoine Yirrika a pris la liberté de le  transformer, ce qui est formidable. Certaines paroles je les laisse en un moment en  Tégué, il  les a mis  en vili, en kongo, en tégué, c’est ça la richesse du Congo, la variété de ce qu’on peut partager de plus noble.  Ce texte avait déjà été mis sur scène en France par une compagnie française, la représentation  française n’a rien avoir avec celle faite par Antoine Yirrika. Le décor en France était très sobre, il y a moins des effets additionnels alors que dans la représentation  d’Antoine Yirrika, on trouve  beaucoup des effets additionnels qui sont présents notamment,  la musique, la danse qui n’était pas dans la pièce  jouée à Bordeaux en France.  C’est ça  la liberté de créer. Antoine Yirrika  le fait avec son regard africain.  Je suis satisfait de ces deux représentations.

LDB : Prévoyez-vous une autre tournée ?

GMO : je voyage avec  la troupe  d’Antoine Yirrika  ce vendredi au nord du pays  où les artistes vont donner des spectacles. Le dimanche, le tour reviendra  à Owando et le mardi à Ewo. Durant la  tournée, nous passerons également dans les lycées pour  échanger avec les élèves auquels  Antoine Yirrika expliquera la pièce.

LDB : Avez-vous reçu une quelconque subvention ?

GMO : Nous avons reçu l’aide du préfet d’Owando. Il le fait parce que c’est un homme de lettre. C’est le ministère de la Culture qui devrait en principe favoriser  de telles initiatives.  

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo : Gabriel Mwéné Okoundji, écrivain poète congolais

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