Théâtre : « Une heure avant la mort de mon frère » jusqu’au 22 mars à Paris

Le spectacle est court (1h15), la salle est petite, mais ce qui s’y déroule est intense. La proximité avec les comédiens et l’âpreté du propos fait que le public n’en sort pas indemne. Les comédiens portent le texte, ils nous émeuvent, nous font sourire et cultivent le mystère : qu’a-t-il bien pu se passer entre ce frère et cette sœur il y a quelques années ? Toute la pièce se passe en huit clos, dans une cellule de prison. Martin dispose d’une heure avec Sally avant d’être pendu, il a été condamné à mort pour meurtre.

D’emblée, l’ambiguïté de leur relation est palpable. Des incursions dans le passé, des prises de parole du père et de la mère nous permettent de comprendre petit à petit l’histoire familiale. Une enfance brisée entre la mère partie trop tôt, le père sombrant dans l’alcoolisme et une séparation brutale. Le soupçon d’inceste plane, les non-dits, les événements cachés : il est temps pour eux de tout se dire.

« C’est un théâtre qui me parle, nous a confié Felhyt Kimbirima, un texte qui nécessite d’aller chercher au plus profond de soi, de livrer une performance sans artifice et de faire appel au corps. »

Ce texte a été écrit par un auteur australien en 1985, mais il traite de sujets intemporels, ce qui lui confère son universalité. La pièce a d’ailleurs été jouée un peu partout dans le monde et a fait connaître Daniel Keene en France. Le spectacle est porté par deux compagnies de théâtre : la Compagnie Baobab-Bi de Fama Ly qui a initié le projet et la Compagnie Volubilis de Véronique Essaka-de Kerpel, qui l’a mis en scène, et Ludovic Goma, qui a créé l’environnement sonore et musical de la pièce à l’aide de sa sanza et de ses percussions. Une berceuse sénégalaise, une vieille rumba congolaise, les influences se mêlent sans bizarrerie.

Les quatre compères avaient déjà travaillé ensemble sur « Tailleur pour dames » de Georges Feydeau monté en 2011 par Volubilis. Le travail de création pour ce projet s’est fait dans le cadre d’une résidence de trois semaines à la MJC de La Celle-Saint-Cloud, en région parisienne. La première a eu lieu en novembre dernier.

À la suite de ces deux mois de représentation parisienne, ils espèrent pouvoir faire tourner ce spectacle dans de grands théâtres. Ce serait mérité. À vos agendas !