Le budget européen pour la période 2021-2027 l'atteste. L'aide européenne dédiée à l'Afrique va augmenter de 32%, passant de 26,1 milliards à 32 milliards d’euros, sans tenir compte de l’inflation. En chiffres réels, l'augmentation n'est que de 7%, une augmentation anéecdotique comparée à la hausse des budgets alloués à l’immigration et à la gestion des frontières.
Pour la même période, la sécurisation des frontières externes et la gestion migratoire va s'élever à plus de 30,8 milliards d'euros. Un volume plus élevé que celui qui serait donné à toute l’Afrique subsaharienne, dont 18,8 milliards d'euros destinés à la gestion des frontières, soit une augmentation de 200% par rapport au budget actuel de 5,6 milliards d'euros.
Ainsi, 10,6 milliards seraient utilisés pour alimenter Frontex, dont le personnel devrait être multiplié pour atteindre dix mille garde-frontières et agents, et dix milliards d'euros investis dans la gestion de l’immigration : asile, immigration légale, lutte contre l'immigration illégale, renvoi des migrants dans leur pays d’origine, soutien des États membres à protéger leurs frontières en cas d’urgence.
Dans le cadre du « Plan Juncker pour l’Afrique », l’Union europénne (UE) espère mobiliser environ 44 milliards d’euros d’investissements, notamment en offrant des garanties, de fonds privés. En ce qui concerne les pays des Balkans, de l’est et du sud de la Méditerranée, l’UE a alloué 22 milliards d’euros pour la période 2021-2027.
L’augmentation du budget de défense des frontières intervient alors que le nombre d’arrivées de migrants en Europe a chuté d’environ 80 % . Pourtant, un nombre croissant d’États membres, menés par le groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), l’Autriche et le nouveau gouvernement italien, milite en faveur d’une fortification de l’UE.
Pour le le président du parlement européen, Antonio Tajani, le « devoir premier de l’Europe » devrait être de combattre les causes profondes des flux migratoires, y compris l’instabilité et l’insécurité dans de grandes régions de l’Afrique ainsi que la pauvreté, la famine et le changement climatique sur le continent.
Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a annoncé un « changement de paradigme » dans la manière dont la question migratoire serait abordée durant la présidence autrichienne. Sa priorité sera la sécurisation des frontières extérieures de l’UE.