Lire ou relire : « Je ne suis pas à vendre » de Pensée Sem Esse-Nsi

Jeudi 1 Septembre 2022 - 20:25

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La pièce de théâtre publiée aux éditions Renaissance africaine dénonce par un scenario vivant la surenchère de la dot, véritable cause des concubinages et unions libres à l’infini en Afrique noire.

 

 

Le genre dramatique est souvent prisé par la plupart des lecteurs, surtout quand l’intrigue et le langage renvoient directement aux réalités de la vie courante. C’est aussi un bon moyen didactique pour faire passer un message, inculquer certaines valeurs ou dénoncer certains travers.

Dans « Je ne suis pas à vendre », Pensée Sem Essé-Nsi ne déroge guère à la règle. Car, comme ses pionniers dans l’art de Molière, Sylvain Bemba, Antoine Letembet Ambily, Sony Labou Tansi ou Tchicaya U Tam’si, il s’inspire du vécu pour monter une fiction invraisemblable à but éducatif. La magie de la plume est ici au service de la vie et de la morale en vue d’un monde meilleur.

Sept scènes en effet composent la pièce dont au centre sont mises en évidence les turpitudes d’un couple en raison d’une affaire de dot. Le montant trop élevé imposé au gendre semble mettre la future épouse en position d’une marchandise soumise à une vente aux enchères. D’où, l’interpellation exprimée à travers les lamentations de l’heureuse élue, « Je ne suis pas à vendre ». Comment se faire comprendre face à des interlocuteurs ancrés dans une tradition anachronique qui perdure tel un diktat, sans tenir compte des contextes changeants de la société.

La pièce dans son contenu ouvre un débat autour de la question à travers l’intervention des personnages de différents statuts, paysans, juristes, etc. L’objectivité et le bon sens ayant pris le dessus sur l’ignorance et les préjugés égoïstes, tous les camps aboutissent finalement à un compromis qui donne à la femme sa dignité et au couple la liberté de s’unir pour la vie, sans duperie ni chicane.

Et pourtant, après lecture, la scène fait jurisprudence. Doit-on abolir la dot ? Comment faire appliquer la loi positive relative à la dot ? Avec cette pièce, la question refait surface. Une question fondamentale, car touchant la réalité de la famille, cellule de base ou soubassement de la société.

Pensée Sem Essé-Nsi est natif de Brazzaville au Congo et auteur de deux ouvrages à effet de fiction, « L’écume des maux » en 2019, puis « Je ne suis pas à vendre » en 2021. Deux livres publiés aux éditions Renaissance Africaine à Paris, disponibles à la librairie des Dépêches de Brazzaville.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo: Couverture de l'ouvrage

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