Foot : et maintenant ?Lundi 21 Juillet 2014 - 15:53 La Coupe du monde de football a vécu. Le monde des réseaux sociaux a déposé ses pinceaux fumants. Mais quelle imagination débridée pendant un mois ! L’avantage d’une fin de Coupe du monde de football est qu’elle permet enfin de sourire de tout (sauf, peut-être pour les perdants) ; des pronostics hasardeux comme des propos imprudents des commentateurs et des pronostiqueurs. Qui, aujourd’hui, oserait encore avancer que « l’hypothèse logique sera » une finale Argentine-Brésil pour clore en beauté la 20e Coupe du monde qui vient, pendant un mois, de se dérouler au Brésil ? Qui soutiendrait encore que l’Espagne aborderait la compétition avec « l’esprit des champions à qui tout réussit : tennis, F1, football… » ? On a peine à imaginer aujourd’hui que les champions du monde sortants seraient effectivement sortis de la compétition de cette manière : une pilée contre la Hollande (1-5), une correction contre le Chili (0-2) et une victoire sur l’Australie et c’est tout. Qui aurait pu prédire le naufrage ahurissant du Brésil, pays dont on n’hésite pas à dire qu’il est presque (avec l’Angleterre) le co-inventeur du football ? C’est un Brésil méconnaissant qui a erré sur le terrain à la recherche d’une inspiration. Et d’ailleurs, c’est un signe, le Brésil a marqué le premier but de ce Mondial… mais contre lui-même ! Un journaliste colombien s’indignait de la présence en Coupe du monde d’une équipe au rabais comme celle du Costa Rica, faite pour « rabaisser le niveau du foot mondial ». Résultat : la Colombie éliminée avant Costa Rica ! Mais au Vatican, ou du moins au sein de l’Église catholique, ce Mondial organisé dans un pays où compétiteurs et touristes étaient accueillis les bras ouverts par la statue du Christ rédempteur à Rio, avait aussi son relent de souffre (fraternel). C’est pourquoi les internautes se sont littéralement déchaînés. D’abord en se laissant aller lors de la rencontre Argentine-Belgique (5 juillet) par laquelle l’Albiceleste a accédé à la finale. « Obligé, commentait un petit malin ; l’Argentine ne pouvait pas perdre. Elle comptait dans ses rangs un Messi(e) et un Ze Maria. Face à des ‘Diables rouges’, la messe était dite. » Naturellement le grand déferlement, mêlant iconoclastie, imagination et contorsions théologiques est venu avec la finale opposant (le 13 juillet) l’Allemagne à l’Argentine. C’est-à-dire le pays du précédent pape contre celui du pape actuel, tous deux vivant côte à côte au Vatican. Un journal en ligne avait promis une « Holly Final » (une finale sainte). Un bloggeur avait hasardé que les deux papes ne se parlaient déjà plus avant la finale. Un autre, que le pape François et le pape Benoît XVI avaient décidé de regarder le match ensemble, et commenter le résultat entre deux coups de chapelet. Sur ce point précis, le Vatican a dû sèchement démentir. Alors, s’interrogeait un blogueur, qu’est-ce qui explique théologiquement que l’Allemagne ait gagné et que l’Argentine ait perdu ? Simple : peu avant le match, les deux pontifes s’étaient mis à genoux et avaient prié. Le pape François avait dit : « Fasse Dieu que la défaite de nos frères d’Allemagne ne soit pas trop sévère. » Mais le pape Benoît XVI aurait été plus injonctif : « Dieu, tu me connais : si l’Allemagne ne gagne pas, je reprends mon pouvoir ! » On sait maintenant que Dieu a aussi ses saintes craintes. Et d’ailleurs un commentateur lui attribue une secrète passion du football qu’il serait vain de chercher dans n’importe quelle Bible : « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a créé la Terre ronde… comme un ballon ! ». Inutile de chercher à savoir si c’était avant le 7e jour ou après le 8e. Car il semble évident que pour les internautes le monde a commencé par l’Apocalypse et s’achèvera par la Genèse ; que le ballon de football a été inventé avant la planète. Qui sait si au Jardin d’Eden notre grand-père Adam n’avait pas son petit stade Alphonse-Massamba-Débat ! Lucien Mpama |