Tradition : Lauréate Mberi Mbini s'engage à promouvoir le TchikumbiVendredi 22 Août 2014 - 14:15 Le tchikumbi désigne à la fois un rite initiatique de la jeune fille et une danse que celle-ci apprend pendant cette période. Lauréate Mbéri Mbini, présidente de l’Association pour la mémoire de Jean-Félix Tchicaya (AMJFT), est l’une des personnes qui se sont engagées à valoriser ce patrimoine culturel qui tend à disparaître des mœurs. L’AMJFT, qui existe depuis plus de dix ans, a pour objectif de pérenniser les idées de Jean-Félix Tchicaya (premier parlementaire congolais ). L’association entend aussi pérenniser l’histoire du Congo et du terroir Vili. C’est ce dernier point (pérennisation de l’histoire du terroir Vili), qui explique le combat de Lauréate Mbéri Mbini à conserver ce patrimoine culturel riche et instructif qu’est le tchikumbi, un rite initiatique, pratiqué dans le Kouilou, destiné à marquer l’entrée de la jeune fille dans l’âge nubile. À propos du "tchikumbi" et de "La tchikumbi" Le Tchikumbi désigne aussi la danse que « La tchikumbi », c'est-à-dire la jeune fille initiée ou à initier, apprend pendant cette période d’enseignements (travaux ménagers et autres activités, connaissance des mythes relatifs à la vie de l’homme, le respect des interdits…). La tchikumbi était une jeune fille modèle travailleuse et respectueuse de la tradition. Une jeune fille qui faisait la fierté tant de sa famille, du mari que de la belle famille. Mais le temps passant, et comme il est dit : «Autres temps, autres mœurs », malgré la richesse qu’il présente, le tchikumbi a connu une période sombre avant que certaines personnes, conscientes que le terroir perdait une partie de son histoire, décident de rappeler l’importance de ce rite et de ramener la danse Tchikumbi. D’où la naissance de quelques groupes dont l'objectif est de la perpétuer. Mais la menace de disparition pèse toujours sur cette danse en raison du faible nombre de gens impliqués dans ce retour aux moeurs. Même si le rite initiatique Tchikumbi ne se fait plus, au lieu de se limiter à la danse, Lauréate Mbéri Mbini entend faire bénéficier aux jeunes filles les enseignements reçus pendant ledit rite. Cela en vue de contribuer à faire d’elles des femmes modèles (travailleuses, respectueuses de leurs corps, de leurs maris et des ainés…) et capables de transmettre le savoir reçu aux autres. De ce fait, l’AMJFT dispense des enseignements et organise des séances d’encadrement. Les activités sont animées par de vieilles mamans expérimentées et maîtrisant le rite et la danse tchikumbi. Des filless volontaires Pour permettre à leurs enfants de mieux assimiler les enseignements, certains parents ont opté pour leur internat au siège. Actuellement, six filles au total âgées de 10 à 21 ans reçoivent leur éducation sur place depuis deux mois. « Nous leur offrons une initiation, une occasion d’acquérir un savoir et être aguerri avant de s’engager dans la vie conjugale. Les filles apprennent, entre autres, les bonnes manières, comment s’occuper d’une maison, comment se comporter dans la famille, dans la maison de son mari et avec la belle famille. C’est un devoir pour L’AMJFT de pérenniser l’histoire du Congo et du terroir vili. Les mœurs sont en train de disparaitre et c’est un danger pour la nation. L’association s’est engagée à valoriser la danse tchikumbi car nous devons perpétuer notre histoire et faire de sorte que chacun s’en approprie », a expliqué Lauréate Mbéri Mbini. Notons que lors du défilé du 15 août dernier auquel l’AMJFT a pris part à Tchiamba Nzassi, ses tchikumbi ont fait une prestation très applaudie. Comme l’exige la coutume, pour exécuter la danse, les filles couvertes de poudre rouge sur tout le corps, se présentent en tenue rouge bordeaux, parées de bijoux et autres accessoires (bracelets, cauris, colliers...). Avec une élégance et une souplesse inouïes, elles font des mouvements de poitrine et de hanches, des jeux de pieds et de mains, des roulades et autres gestes captivants. Tantôt debout, tantôt accroupies ou assises, les filles exécutent ces mouvements bien synchronisés, accompagnées de chants et de sons de tam-tam. Après le défilé, les filles ont animé les retrouvailles, autour d’un repas, des membres de l’AMJFT, organisés pour marquer la célébration du 54e anniversaire de l’indépendance du pays. Notons que les séances d'enseignement et d’encadrement des filles à la danse tchikumbi se déroulent tous les mardis et samedis au siège de l’AMJFT, situé non loin du rond-point Loandjili, à l’arrêt Mavoungou. Par ailleurs, Lauréate Mbéri Mbini a émis le souhait de voir son association s’implanter dans d’autres départements du pays en dehors de Pointe-Noire. Lucie Prisca Condhet N’Zinga Légendes et crédits photo :-Lauréate Mbéri Mbini, au centre, entourée des tchikumbis internées au siège de l'AMJFT
-Les tchikumbi de l'AMJFT lors du défilé du 15 août dernier |