Hip-hop, danse africaine et harmonie internationale à l’École des sables

Samedi 30 Août 2014 - 4:45

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Dans le village de Toubab Dialaw, à une centaine de kilomètre de Dakar, en pleine nature au bord de l’océan, des danseurs-chorégraphes de hip-hop, africains et occidentaux, ont vécu une expérience unique, partagée avec un public venu en nombre lors du très beau spectacle de fin de stage du 8 août

Du 14 juillet au 9 août, l’École des sables a reçu une quarantaine d’artistes sélectionnés avec attention, qui ont suivi l’enseignement des chorégraphes Patrick Acogny, Olivier Lefrançois, Ramatoulaye Sarr, Ise Vestegen et David Colas. Tous les styles hip-hop étaient représentés, du cramps au break-dance ! L’objectif de cet atelier était de renforcer les liens entre tradition et modernité, fidèle aux idées de la fondatrice de l’école, la chorégraphe et danseuse Germaine Acogny, qui a créé sa propre technique d’enseignement, mère de la danse contemporaine.

Les deux Congo étaient dignement représentés. Papesher Ki Kumi, 24 ans, du studio Kabako du chorégraphe Faustin Linyékula, vit à Kisangani (RD-Congo. Ce séjour l’a inspiré : « Je travaille actuellement sur une création. Grâce aux nouvelles bases acquises ici, je vais enrichir ma chorégraphie. » Chris Babingui, 24 ans, vit à Brazzaville, où il exerce dans la compagnie Mabingui. Pour lui, ce stage était une belle découverte : « La technique de Germaine Acogny me touche beaucoup. Je n’avais jamais pratiqué le sabar, et cela m’a beaucoup appris. J’envisage à mon retour d’animer un stage dans ma compagnie pour transmettre cela. »

Riyou Makaya Esengi, 27 ans, originaire de RD-Congo, réside au Sénégal depuis quatorze ans. Déjà inspiré des danses traditionnelles, il a appris de nouvelles techniques. Les rencontres ont été fructueuses, et il parle avec enthousiasme d’échanges culturels. Revoir des compatriotes était aussi très important : « C’était vraiment agréable ! Peut être qu’un jour on pourra travailler ensemble ! »

Tsengou Dingha Kirsner, 25 ans, originaire du Congo-Brazzaville, au Sénégal depuis neuf ans, venu là pour des études de comptabilité, a rencontré la danse au pays de la Teranga. Il évolue dans la Compagnie Révolution à Bordeaux (France) et préside l’association culturelle Sénégalbattles (SNB), qu’il souhaite ouvrir à d’autres pays, sous le nom d’Artrad. Tsengou, qui pratique aussi la photographie et la vidéo, a apprécié la démarche de diversité, de métissage culturel, qui l’a, dit-il, fait beaucoup évoluer : « Patrick Acogny m’a donné une expérience incroyable. Comme dit Olivier Lefrançois, ce qu’on a appris en un mois, cela lui a pris trente ans… Un danseur ne doit pas se focaliser sur lui-même. C’est le propre de la danse, de toujours se renouveler ! »

Bien entendu, vivre de la danse n’est aisé nulle part, mais ils ont souligné qu’au Congo-Brazzaville et en RD-Congo, c’est chose particulièrement difficile. Papesher rend hommage à un entourage motivé, mais Tsengou déplore que, lors de son dernier voyage à Brazzaville, il lui a été difficile de rencontrer des danseurs. En cause, peu de lieux consacrés à cet art, et d’événements. La danse est pourtant un magnifique moyen d’expression, un sport, et aussi un débouché pour des jeunes désœuvrés.

Chacun est rentré, armé d’une nouvelle force. Riyou souligne avec un sourire que passer par l’École des sables, c’est une marche en plus dans une carrière. Les participants africains ont été soutenus financièrement. L’École des sables organise ainsi depuis 1998 des ateliers internationaux, soutenue par des instances privées, des ONG (les partenaires de ce stage étaient la Fondation Prince Claus, Doen Tanzhaus NRW, le Théâtre de Namur, Sud Sud/Danseurs citoyens et le Studio Kabako) et non par le ministère de la Culture sénégalais. Mais l’équipe de l’association Jant Bi, qui administre l’école, ne se décourage pas et donne plusieurs fois par an à de jeunes artistes l’immense chance  de se perfectionner.

Laure Malécot

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 : L'affiche Into New Territories. (© DR) ; Photos 2 et 3 : Les danseurs avec Olivier Lefrançois. (© DR) ; Photo 4 : Papesher Ki Kumi. (© DR) ; Photo 5 : Riyou Makaya Esengi. (© DR) ; Photo 6 : Chris Babingui. (© DR) ; Photo 7 : Tsengou Dingha Kirsner. (© DR)