Le poids des traditions ou quand la coutume pèse dans certaines familles

Samedi 20 Septembre 2014 - 5:45

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Après le décès de leurs filles, nièces ou petites-filles, certains parents obligent leur gendre à épouser le corps sans vie de celle qui était sa compagne. Une situation qui bloque l’épanouissement de la société et que certains citoyens qualifient d’inhumaine. Pour apporter une solution à ce problème qui frappe toutes les couches de la société congolaise sans exception, des citoyens invitent les législateurs, les traditionalistes, les associations de défense des droits de l’homme à se réunir autour de cette question afin de mettre définitivement un terme à cette pratique monstrueuse

La tradition a encore la main mise dans certaines familles du nord et du sud de Brazzaville. Ces familles s’attacheraient à soutirer de l’argent à leurs gendres après la mort de leurs filles au nom de la tradition, dit-on. Épouser une femme après son décès est une chose horrible qui décourage certains hommes d’avoir une partenaire quand ils n’ont pas assez de moyens financiers. Ceux qui ont vécu cette scène sont abattus et ne pensent plus au mariage. C’est le cas de Rufin, jeune homme originaire du nord. La trentaine révolue, il a vécu la scène en direct. Ce dernier vivait avec sa compagne Laure une union qui a duré plus de neuf ans.

Ce jeune garçon, pour vivre avec Laure, avait fait la présentation et versé le premier vin auprès des parents de sa femme. Après quelques années de vie commune, ils ont donné naissance à trois enfants. Mais Laure tomba malade et souffrit pendant plus de deux ans au côté de son cher mari qui l’assista jusqu’à son dernier souffle. Après la mort de celle-ci, les parents oublièrent que pendant deux ans Rufin avait dépensé toutes ses économies et toute son énergie pour tenter de sauver sa femme. Sans gêne aucune, sans morale et sans respect pour la mémoire de leur fille, avant même de fixer une date pour l’enterrement, les parents de la défunte imposèrent à Rufin de leur verser la somme d’un million FCFA, frais pour doter le corps sans vie de leur fille. Une pratique dénoncée par certains citoyens, qu’ils qualifient d’atroce.

« Je pense que les parents qui obligent un gendre à épouser une femme morte sont des escrocs et des gens sans cœur. Si s’était moi, je n’accepterais pas ce genre de choses », lance Luc, très déçu de cette pratique qu’il qualifie de barbare. Pour d’autres personnes, les parents peuvent demander à leur gendre d’enterrer sa femme, car cela n’est que normal, mais pas l’obliger à épouser une dépouille mortelle. Pour Alice, une autre citoyenne, « ce genre de pratique peut être assimilé à de la sorcellerie, dans le sens où les beaux-parents peuvent suggérer que la fille a été sacrifiée par sa famille afin de recevoir l’argent de la dot ! » Ainsi pour trouver une solution à ces situations monstrueuses, Jacques pense que les hommes de loi, les traditionalistes et les associations de défense des droits de l’homme doivent organiser des séminaires autour de cette question.

Flaure-Élysée Tchicaya