Portrait : Abderrahmane Sissako, l’international du cinéma africain

Samedi 13 Décembre 2014 - 10:21

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Ses œuvres interpellent et enseignent sur les histoires ancrées dans les réalités africaines. La force des émotions et des histoires de ses films révèlent, sans équivoque, la lueur d’espoir qu’il apporte au cinéma africain.

Ce regard admirable que le monde cinématographique porte au cinéaste trouve sa confirmation lors de la nomination de son nouveau long métrage «Timbuktu» pour les Oscars du février 2015. Né le 13 octobre 1961 à Kiffa, en Mauritanie, Abderrahmane Sissako est le dernier d’une fratrie de 15 enfants. Il découvre toute l’histoire du cinéma à raison de deux films par jour au VGIK, un institut national de la cinématographie, basé à Moscou en URSS, où il a appris à raconter son continent d’une manière universelle par le biais du cinéma. Pour son cinéma, il est prêt à donner et à révéler beaucoup de lui-même.

Le regard, les images et les émotions transmises par ses projections sont toujours restés profondément imprégnés de l'ambiance de ses pays d’origine. Avec Timbuktu, il exprime manifestement sa colère contre l’islam des djihadistes. Il fait le récit mythologique d'une ville assaillie par la brutalité et l’absurdité du mal. Et raconte la violence de l'invasion des djihadistes.

Le style de ses films repose sur un rythme calme, avec des images soignées et une écriture cinématographique où les mots ont leur importance. Le silence et l’inconscience restent les armes absolues du réalisateur qui souhaite transmettre certaines valeurs aux générations suivantes.

Dans plusieurs de ses films, il cite Aimé Césaire, le chantre de la négritude, pour évoquer l’exil, le déchirement entre l’Europe et l’Afrique, la chance du métissage et de l’ouverture culturelle. Le design du cinéaste mauritanien ne mise pas sur le pouvoir du cinéma de transformer le monde, mais espère éveiller les consciences et rendre justice. Son œuvre cinématographique se finance sur le continent européen, mais se construit sur le continent noir.

 

Durly Émilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Le réalisateur Abderrahmane Sissako -(DR)