Première historique au Vatican : il y a deux ans, un pape démissionnait !Jeudi 12 Février 2015 - 17:00 On en viendrait presqu'à oublier le véritable tremblement de terre vécu il y a deux ans par le monde (catholique) avec la démission de Benoît XVI. Au Vatican et dans le monde personne ne s’était douté, lorsque le pape convoqua un consistoire des cardinaux le 11 février 2013, qu’il allait leur annoncer sa démission. Même parmi les hauts-prélats présents beaucoup, à la fin de la déclaration solennelle du pape, faite en latin ce jour-là, durent attendre la traduction officielle pour prendre la portée de l’événement. Le doyen du collège des cardinaux, l’Italien Angelo Sodano, parla « d’un coup de tonnerre ». Car, quoique prévue par le code de droit canonique (canon 332 paragraphe 2) qui régit l’administration de l’Eglise, la démission volontaire et sans contraintes d’un pape (l’Eglise catholique use du terme de « renonciation ») n’a jamais été invoquée en plus de 2000 ans d’histoire ! C’était donc la première fois que le monde assistait au départ volontaire de la papauté d’un Souverain pontife en bonne santé et dans un contexte de paix. La décision du pape allemand devint effective le 28 février : jour historique où les yeux des Romains suivirent avec une très vive émotion un hélicoptère blanc emportant vers Castel Gandolfo celui qui avait été pendant près de sept ans le pape Benoît XVI. Geste de courage salué par certains ; geste déconcertant accueilli avec quelque perplexité par des gardiens du temple chez qui un pape ne peut quitter ses charges qu’allongé dans son cercueil. Depuis lors, l’eau a coulé sous les ponts de Rome. Les cardinaux réunis en conclave ont élu un sud-américain, l’Argentin Giorgio Bergoglio (pape François) pour succéder à l’Allemand. Un pasteur remuant, sorte d’attaquant central en remplacement d’un théologien réfléchi ; un défenseur si l’on devait recourir à l’image d’une équipe de football. Que devient Benoît XVI ? Il vit aujourd’hui dans des appartements privés au Vatican, non loin du pape régnant qui lui rend visite de temps en temps. Cela aussi est une première dans l’absolu : car deux papes au Vatican, ça ne s’était jamais vu dans l’histoire ! Son secrétaire particulier a répondu aux questions du journal Corriere della Sera mercredi, jour d’incidence du deuxième anniversaire de la démission du pape Benoît XVI. Celui-ci serait toujours très méthodique, continuerait de mener une vie normale. Il « a choisi une vie monacale. Il sort seulement quand le pape François le lui demande. Pour le reste, il n'accepte pas d'autres invitations ». Il a 88 ans aujourd’hui et n’a que les problèmes de santé de quelqu’un de son âge : quelques ennuis aux jambes, mais toujours sain d’esprit, a précisé son secrétaire, Mgr Georg Gänswein, qui lui reste attaché. Il a répété que la démission du pape allemand fut volontaire et nullement dictée par une quelconque pression de l’histoire ou de quelqu’un. Il jouerait du piano, ferait de la lecture, méditerait et prierait. Il se lève à 7h45 (soit près de deux heures après son successeur qui est un couche-tard et un lève-tôt !), dit sa messe, prend son petit déjeuner, a indiqué Mgr Gänswein. Une promenade en début d’après-midi, le journal de la télévision italienne à 19h30, puis lecture et prière avant de se coucher. Une vie volontairement spartiate en quelque sorte. Parlant de lui, le pape actuel avait dit un jour qu’« avoir Benoit XVI au Vatican, c’est comme avoir un grand-père à la maison ». À la nuance que le « petit-fils », lui, a 79 ans ! Lucien Mpama |