Le film sur le Dr Mukwege interdit de diffusion en RDC

Samedi 12 Septembre 2015 - 9:32

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«L’Homme qui répare les femmes : la colère d’Hippocrate», film-documentaire du cinéaste belge Thierry Michel et de sa compatriote journaliste, Colette Braeckman, retrace la vie et les combats du gynécologue Denis Mukwege contre le viol et les mutilations en République démocratique du Congo, qui auraient touché quelque 500 000 femmes, adolescentes et fillettes depuis 1997.

Le gouvernement en a interdit la diffusion en expliquant que le film «porte atteinte à l'honneur de l’armée» et «nuit à (son) image», une raison peu crédible pour la communauté internationale et le Dr Mukwege lui-même. «S’il y a des individus qui se comportent mal je crois qu’ils devraient assumer les responsabilités de leurs actes. Par contre, il y a évidemment dans l’armée congolaise des hommes compétents, valables, patriotes. Mais s’il y a des personnes qui ont eu un comportement inacceptable vis-à-vis de la société, être dans l’armée ne les met pas à l’abri de la justice », explique-t-il à Radio France Internationale.

Lors d’une conférence de presse à Kinshasa, Martin Kobler, chef de la Mission de l’IONU en RDC (MONUSCO) a fait savoir à travers la voix du chef de l’information publique de la MONUSCO, Charles Bambara, que cette interdiction est «une atteinte inadmissible à la liberté d’expression», avant de demander aux autorités congolaises de revenir sur leur décision.

Vers une correction ?

Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des Médias, s’est exprimé jeudi sur le sujet, demandant une correction des témoignages livrés en langue Mashi Swahili par les victimes : «la traduction hostile et délibérément mensongère indexant les Fardc comme auteurs de certains actes de violences faites à des femmes interrogées par le réalisateur», a-t-il exprimé. Il déplore « les dénonciations généralisantes et démoralisatrices des membres des forces armées qui ne résistent à aucun examen sérieux » à l’image de 130.000 militaires des Fardc commettant en même temps un viol ou des viols. « C'est donc la mauvaise traduction travestissant la vérité ainsi que les accusations généralisées et infondées susceptibles de démoraliser nos troupes qui ont conduit à l'interdiction par le gouvernement de ce film et non la personnalité du réalisateur ou du Dr Denis Mukwege qui sont en cause ». Le Gouvernement a ainsi pressé une commission chargée de corriger la traduction en vue d’une éventuelle autorisation.

Le film devait initialement être présenté à l’Institut français, mardi 8 et mercredi 9 septembre.

 

 

 

Morgane de Capèle

Légendes et crédits photo : 

Denis Mukwegue

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