Elodie Chabert : « Le Festival du livre et des arts francophones reporté en 2017 »Mardi 19 Avril 2016 - 18:15 Le premier Festival international du livre et des arts francophones, prévu du 4 au 9 avril 2016 à l’Institut français du Congo (IFC), n’a pu se tenir du fait des événements qui ont affecté les quartiers sud de Brazzaville le 4 avril. Plus d’une semaine après, Les Dépêches de Brazzaville se sont rapprochées de la directrice déléguée de l’IFC Elodie Chabert, pour être édifiées sur la suite reservée à ce festival. Les Dépêches de Brazzaville. Le Festival international du livre et des arts francophones, prévu du 4 au 9 avril 2016 à l’IFC, n’a plus eu lieu pour des raisons connues de tous. Que reste-t-il à faire ? Elodie Chabert. Tout ! Il faut tout recommencer. Nous avions réussi à mobiliser de nombreux partenaires sur cette activité, ce qui montre la légitimité de cette démarche et les attentes et promesses qu’elle avait suscitées. Les Dépêches de Brazzaville nous ont beaucoup aidés à mettre en place ce festival mais également Air France, l’ambassade du Canada, Cfao, l’hôtel Olympic, Burotop,…, autant des partenaires qui ont cru à cet événement. Je crois que même le public qui en avait pris connaissance à travers les nombreux articles des Dépêches de Brazzaville attendait réellement cet événement. Nous ne souhaitons pas s'attarder sur ce non-événement et nous entendons conduire cette aventure à son terme. Certes, l’opération a subi un coup d’arrêt car toute la dynamique financière et intellectuelle était enclenchée, mais nous espérons pouvoir la reprendre en 2017. C’est sur quoi nous travaillons aujourd’hui. « Nous ne souhaitons pas en rester sur ce non-événement mais entendons conduire cette aventure à son terme » Des partenaires nous ont fait confiance et nous espérons qu’ils nous feront toujours confiance et qu’ils souhaiteront toujours s’associer à ce projet. Certains d’entre eux ont déjà fait part de leur soutien, le report de cette édition est en grande partie conditionné par ce soutien. Peut-être allons-nous avoir une édition un peu moins ambitieuse mais nous devons mener à terme ce projet notamment pour le public congolais. C'est vrai le festival du livre et des arts francophones aura lieu en 2017. J’en suis convaincue. LDB. Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à organiser cet événement. Serait-il un festival de plus ? EC. Le Congo est un pays de littérature avec des auteurs qui se sont illustrés tant au niveau national qu’international, qu’ils vivent encore ici ou qu'ils soient partis ailleurs, ils se sont tous inspirés de ce qu’ils ont vécu au Congo. Il était donc naturel et cohérent d’organiser un Festival international du livre à Brazzaville. Malheureusement ce premier festival, préparé depuis des mois n’a pu se tenir…mais ce n’est que partie remise. Certains événements effectivement existent déjà autour du livre, de la promotion du livre et des auteurs. Je pense au salon du livre qui a eu lieu au mois de décembre 2015 à Brazzaville, à la promotion des nouveaux ouvrages et à leur présentation à l’IFC. Toutefois malgré les efforts consentis par certaines librairies (comme celle des Dépêches de Brazzaville), par des associations privées qui développent des bibliothèques ; l’accès au livre reste encore faible et problématique à ce stade. Ainsi, il nous a semblé intéressant de permettre à la fois au public, aux auteurs et acteurs congolais de pouvoir échanger à Brazzaville avec des auteurs et des acteurs du livre à l’international. D’où, l’idée de travailler principalement sur la littérature francophone et les thématiques de détournements de la langue, d’appropriation de la langue, de recréation de la langue française..., de savoir comment la littérature francophone s’est réinventée face à l’histoire, notamment à partir des Indépendances. LDB. Quels étaient les auteurs et écrivains invités ? EC. L’idée était de réunir autour de cette langue qu’on a en partage quelques auteurs, comme la marocaine Lamia Berrada, la camerounaise Hemley Boum, les frères Wilfried et Serge Nsondé d’origine congolaise, Laurence Gavron venue en tant que documentariste pour son dernier film, capitaine Alexandre de son vrai nom Marc Alexandre Oho Bambe qui est slameur et poète d’origine camerounaise. Nous avions également invité deux universitaires, à savoir Jacques Chevrier, figure universitaire de la littérature francophone africaine en particulier, et Jean-Marc Moura qui est un spécialiste reconnu des littératures africaines. Le principe était d’échanger sur toutes ces questions et, parallèlement, d’avoir des activités musicales ou artistiques avec une compagnie de théâtre et de spectacle de contes de Toulouse. Nous voulions créer un moment de partage et d’échange sur ce qu’est la littérature francophone aujourd’hui, et dans toutes ses acceptions et diversités, et notamment avec la « nouvelle » génération des auteurs qui commencent à émerger au plan national ou régional. On avait également invité James Noël, poète haïtien, pour faire le lien avec les cultures francophones du monde. Il s’agissait de montrer ce que la langue française peut signifier, définir, décrire ou permettre d’enchanter ou de réenchanter le réel, à travers différentes cultures. Le Maroc n’ayant pas, par exemple, les mêmes réalités que le Cameroun, le Congo, ou Haïti, … l’objectif était de croiser les points de vue, d’enrichir les réflexions, de générer des échanges sur ces littératures francophones. LDB. Quelle est votre lecture de la littérature congolaise EC. La littérature congolaise est très riche. Nous accueillons ici à l’IFC tous les mois des rencontres littéraires, généralement autour d’auteurs congolais ou d’une parution récente d’un livre. Le 28 avril, nous accueillerons Gabriel Okoundji et c’est avec un réel plaisir que l’IFC mettra ses œuvres, ses pensées, son style en exergue. D’autres auteurs ne sont pas encore suffisamment connus. « La littérature congolaise est très riche » Nous ne pouvons pas amener tous les auteurs à l’étranger, même s’il y a un travail qui est fait dans ce sens-là, notamment par les livres et auteurs du Bassin du Congo. Il est important de faire connaitre la littérature congolaise au Congo et de faire venir les auteurs et les acteurs internationaux du livre à Brazzaville pour faire connaître cette littérature. C’est important, parce que c’est aussi le rôle de l’IFC de diffuser cette littérature congolaise et avec elle de donner accès aux nouvelles générations d’écrivains. Bruno Okokana Légendes et crédits photo : Elodie Chabert, directrice déléguée de l'IFC
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