Zimbabwe: Emmerson Mnangagwa promet une enquête suite à la répression post-électorale

Lundi 27 Août 2018 - 18:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 106%

Version imprimable

Officiellement investi le 26 août, à Harare, la capitale du pays, le président élu a promis qu’une enquête serait créée sur la répression « totalement inacceptable » de la manifestation post-électorale de l’opposition, le 1er août. L'armée avait dispersé la foule, tirant à balles réelles, tuant six personnes et blessant plusieurs dizaines d'autres.

« L’incident violent, isolé et malheureux qui a eu lieu le 1er août est regrettable et inacceptable. Une telle conduite ne doit pas se reproduire. Elle est contraire à la nature, culture et tradition de notre peuple zimbabwéen. Afin de pouvoir clore ce chapitre, je vais bientôt mettre sur pied une commission d’enquête sur les violences commises par l’Etat. Une commission qui, une fois son travail accompli, devra rendre publiques ses conclusions. Une fois encore, je voudrais présenter mes sincères condoléances aux familles des victimes », a déclaré Emmerson Mnangagwa.

À la suite de plusieurs semaines de vives controverses sur les conditions de son élection, le 30 juillet, Emmerson Mnangagwa a prêté serment, après la confirmation, par la Cour constitutionnelle, de sa victoire à l’élection présidentielle. La Cour constitutionnelle du Zimbabwe a rejeté les arguments du parti de Nelson Chamisa, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) et validé, le 24 août, la victoire d’Emmerson Mnangagwa. Le candidat de l’opposition avait dénoncé des fraudes et demandé l’invalidation du résultat.

Avec  50,8% des voix, la légitimité du nouveau président apparaît fragile, notamment dans le sud du pays, où la population a été victime d'exactions commises par l’armée dans les années 1980 : environ vingt mille personnes accusées d’être des opposants au régime ont été tuées lors du Gukurahundi, c'est-à-dire le massacre du Matabeleland. À l’époque, Emmerson Mnangagwa était ministre de la Sécurité du régime Mugabe.

« Le résultat de la présidentielle a un goût amer malheureusement. Nous pensions qu’il serait peut-être différent du régime de Robert Mugabe car ses huit premiers mois ont montré qu’il pouvait gouverner différemment. Mais les violences contre l’opposition, le 1er août, laissent penser qu’il n’y a pas beaucoup de changement », a déclaré le président de l’association des victimes de ce massacre, Mbuso Fuzwayo.
« Nous espérions que maintenant qu’il est président, il prendrait ses responsabilités pour ce qu’il s’est passé et demanderait pardon. Les victimes de ce génocide veulent justice. Ils ont besoin de panser leurs plaies. Mais nous perdons espoir qu’il s’excuse un jour. Il y a beaucoup de méfiance envers lui. La population le voit comme un homme violent », a-t-il poursuivi.

Agé de 75 ans, Emmerson Mnangagwa a pris la tête du Zimbabwe, en novembre 2017, après la démission de Robert Mugabe, lâché par l’armée et son parti, la Zanu-PF.

Yvette Reine Nzaba

Notification: 

Non