Disparition : Ricky Siméon conduit à sa dernière demeure

Mardi 14 Juin 2022 - 16:13

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Décédé le 1er mai à l’âge de 80 ans, le premier percussionniste des Bantous de la capitale, Siméon Malonga dit Ricky Siméon "le gardien du temple", a été inhumé le 11 juin dernier. Bien avant sa mise en terre, une cérémonie d’hommage a été organisée à son domicile de la Base, en présence du ministre de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo, représentant le gouvernement.

L’oraison funèbre de Ricky Siméon, premier percussionniste à avoir introduit la batterie (drums) et auteur de chansons devenues des chefs-d’œuvre, à l’instar de "Pitié", "Trois mois et demi de tristesse", a été prononcée par son fils, Christ Siméon Malonga. Il a rappelé que Ricky Siméon, "vieux Djef" comme ses enfants aimaient l’appeler, et Django (pour les amis des Bantous), est né le 18 février 1942 à Poto-Poto, le troisième arrondissement de Brazzaville. Fils de Nicaise Malonga et de Joséphine Koussou, Ricky Siméon s'est très vite, par la force des choses, retrouvé dans l’art où il a commencé à exprimer son talent dans un balai musical appelé Balai Diabra, jusqu’à rencontrer le groupe Cercle jazz de Franklin Boukaka. Il ne mit pas trop du temps, car très vite il a rejoint les Bantous de la capitale en 1967 jusqu’au dernier jour de sa vie.

Pour Christ Siméon Malonga, son père avait encore beaucoup à donner à cet orchestre. « Il n’est plus là physiquement, alors que nous avons encore des souvenirs de toutes ses contributions à la culture congolaise, notamment en ce qui concerne la "percussion" dans la rumba congolaise des deux rives, même au niveau de la salsa. Pour la musique, pour la culture, Ricky Siméon est immortel, mais pour nous sa famille biologique, il s’en est allé. Nous allons devoir regarder le bout de la rue, regarder l’horizon, dans l’espoir qu’il revienne. Pour nous, c’est éternellement regrettable », a-t-il indiqué.

Il a poursuivi que son père était un homme courageux. « J’ai vu comment il s’est battu dans sa vie, comment est-ce qu’il a porté sa croix, comment est-ce qu’il escalopait des montagnes avec sa croix. Au point où parfois en tant que fils, j’avais l’impression que sa croix était un bien pesante, alors que lui, avait toujours la force des mots pour nous donner l’impression qu’il pouvait encore escaloper et nous avons cru. Et c’est dans cette mentalité qu’il nous a formatés. Il nous a appris beaucoup de valeurs. Aujourd’hui, je suis subjugué de constater que le témoignage que je fais n’est pas seulement le nôtre, les voisins avec l’amabilité qui les caractérise l’ont témoigné aussi. Ce qui vient corroborer ce que nous sommes en train de dire ici. Pour nous, c’est un père, un manager, un leader, un coach qui nous a façonnés », a-t-il témoigné.

La vie, tout un enseignement  

« L’homme dont je parle aujourd’hui est dans une caisse enfermée. Je ne vois pas son visage, pourtant, il y a quelque temps, je l’ai vu on a parlé et j’espérais qu’il pouvait encore tenir. Simplement pour vous dire que la vie, c’est finalement tout un enseignement. Derrière la vie de mon père, je tire un enseignement : celui de considérer la vie comme un moment où on rencontre les autres, apprendre à partager avec les autres au-delà de nos différences, au-delà de nos faiblesses, parce que finalement la vie n’est que la sociétalité. L’humanité retient les bienfaits de l’homme et ça nous introduit dans ce que je considère comme la mémoire éternelle », a exhorté le fils.

Christ Siméon Malonga a conclu ses propos en rassurant tout le monde que son père est entré dans leur mémoire éternelle, parce qu’il a semé la bonne graine.

Des témoignages

Clémence Bayidikila, plus connue sous le pseudonyme de maman Bayo, présidente de la mutuelle Amis Bantou, une mutuelle qui accompagne cet orchestre et trésorière des Bantous de la capitale, a témoigné. « Je suis dans les Bantous de la capitale depuis plus de dix ans. Le grand souvenir que je garde de « Ya Ricky », on se retrouvait à la Détente où nous dansons régulièrement. La disparition de Ya Ricky est une perte pour les Bantous et pour le Congo, car il a beaucoup contribué pour cet orchestre où il y restait pendant plus de cinquante ans », a-t-elle témoigné.  

Pour Freg Ganga “le salopard de la salsa”, musicien de l’orchestre Bantous de la capitale, Ricky Siméon avait une vertu morale inoubliable. Il n’était pas rancunier et savait transcender ses humeurs. C’était une haute qualité que l’on ne pouvait trouver dans la rue. Il était bosseur, bon compositeur, bon travailleur qui s’est fait reconnaître surtout par son sens de sociabilité. « Il est reconnu à certains égards que c’est lui qui aurait introduit le drum dans la rumba. Avant, il n' y en avait pas. C’est une valeur incommensurable et puis un trou difficile à boucher. Certes, on peut trouver des équivalents, mais le dérivé du pétrole n’est pas le pétrole, tout comme le dérivé de Ricky n’est pas Ricky. Sa mort est une grande perte », a-t-il déclaré.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1 - Les enfants de Ricky Siméon devant sa dépouille / DR 2 - Christ Siméon Malonga prononçant l'oraison funèbre de son père / DR 3 - Le ministre de la Culture et des Arts après le dépôt de la gerbe de fleurs sur la dépouille de Ricky Siméon / DR

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