Disparition : Michel Boyibanda a tiré sa révérence

Jeudi 10 Octobre 2024 - 19:30

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Né le 22 février 1938 (d’après ses enfants) à Mokouango dans le district de Pikounda, département de la Sangha dans la partie septentrionale du Congo, Michel Boyibanda, fils de Gabriel Boyibanda et de Simone Ewè-Ekoué, s'en est allé, le 9 octobre, au Centre hospitalier universitaire de Brazzaville, où il a été admis depuis le 4 octobre à la suite d'une rechute de l’accident vasculaire cérébral à l’âge de 86 ans.  

L’une des icônes de la musique congolaise en particulier et africaine en général, Michel Boyibanda, dit Vieux Bobo, élève agronome à Mouindi, dans le Niari, mais n’a pu poursuivre ses études. Il a été désorienté par le destin qui l’a amené sur le chemin du succès, à savoir la musique. Michel Boyibanda, chanteur aux heures perdues, fait connaissance avec Franklin Boukaka, un grand artiste-musicien émérite à Dolisie en 1958 et intègre l’orchestre « Negro Band » de Franklin Boukaka. Il commence ainsi sa carrière musicale, alors qu’il n’avait que 20 ans. Dans cet orchestre, il chante "Kourand tata wa biso". Cinq ans après, soit en 1963, il quitte « Negro Band » pour des problèmes de management et intègre l’orchestre « Les Bantous de la capitale » grâce au parrainage de Jean Serge Essous. Dans cet orchestre créé le 15 août 1959, Michel Boyibanda n'est pas resté longtemps. Cependant il a laissé un chef-d’œuvre, la chanson « “Masuwa Enani”, qui fait la gloire pour les mélomanes de l’époque. Sitôt après, il intègre l’orchestre « OK Jazz » sur conseil et proposition de Mujos au patron dudit orchestre, Luambo Makiadi Franco. Malheureusement, il le quitte en 1967. Cinq ans après, soit en 1972, Michel Boyibanda réintègre « OK Jazz » devenu cette fois-ci « Tout-Puissant OK Jazz » à Kinshasa.

A cause des différentes péripéties marquées par des déceptions, Michel Boyibanda regagne son Congo natal en 1977. Et en 1978, il monte l’orchestre « Les Trois frères » avec Loko Massengo et Youlou Mabiala. Grâce au président de la République de l’époque, Jacques Joachim Yhombi Opango, l’orchestre a pu s’acheter les instruments de musique. Malheureusement cet orchestre ne va durer que huit mois. Youlou Mabiala étant parti, Michel Boyibanda et Loko Massengo montent un autre orchestre qu’ils vont dénommer « Rumbayas ». Comme par malheur, l’orchestre « Rumbayas » ne mettra pas du temps aussi, Michel Boyibanda va alors se lancer dans une carrière solo et monte « Ebuka Système ». Michel Boyibanda, dit Vieux Bobo, a un répertoire élogieux avec des chansons telles que : Masuwa enani”, “Valente Yoka”, “Sens interdit Au kumbi 12”, “Ma fille vient voir”, “Okomi na M’Bemba”, Bolingo na kozonga ou Miso na nzela”, “Essous ayambi ngai”, “Mbinzo Nzete esolola na moto te”, “Ata na Yebi”, “Diallo”, “Nana”, “Selenga”.

Le mécène Jean Pierre Ngombé réagit à la mort de Michel Boyibanda

Réagissant à la mort de celui qu’il considère comme son grand, le gentleman, Jean Pierre Ngombé, a écrit ce bel hommage. « Grand chanteur parmi les grands chanteurs des deux Congo, Michel Boyibanda, fils de la Sangha m’a toujours fasciné par sa manière de se tenir sur scène quand il chantait. Il ne se figeait jamais devant le micro. Toujours en train de bouger à la manière de James Brown, le Noir américain. Je me délectais de le voir chanter en dansant. Sa stature élancée et son air toujours jovial faisaient de lui un bel homme, que dis-je, un gentleman. Il aurait pu être un chanteur d’envergure internationale comme l’ont été certains de ses confrères, mais le marketing artistique n’était pas dans la danse, sa danse à lui. Quand je parle de Boyibanda, je pense aussi à Nedule Noël, alias Papa Noël, enfant de Makotimpoko, de même qu’à Youlou Mabiala, enfant de Poto-Poto, le quartier où je suis né », a-t-il fait savoir.

Pour lui, ces trois Congolais sont des véritables ambassadeurs. « Ces trois Congolais ont fait les beaux jours de l’orchestre OK Jazz de Kinshasa à l’époque où Luambo Makiadi, dit Franco, dirigeait de main de maître l’un des plus grands orchestres des deux pays de la Rumba mythique. Boyibanda s’en est allé à pas feutrés de l’autre côté du grand fleuve, où tout s’éclaire au grand jour et nous fait dire que la vie est tissée de beaucoup de vanités. Oui « Vanitas vanitatum et omnia vanitas ! » Puisse ton âme reposer en paix, mon grand BOB ! Toi que j’ai connu et dont j’ai admiré le talent. Va ! J’implore pour toi la miséricorde divine afin que te soit largement ouverte la porte du Royaume céleste. Jean-Pierre Ngombé, Mwana Poto-Poto », a-t-il conclu. Rappelons que Michel Boyibanda était victime de l’AVC pour la première fois en 2015.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1)- L'illustre artiste musicien Michel Boyibanda/ DR 2)- Les derniers moments de Michel Boyibanda sur scène à Brazzaville/ DR

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