Burkina Faso : une tension couve entre le Premier ministre et la garde présidentielleJeudi 5 Février 2015 - 10:18 Depuis quelque temps, entre le Premier ministre burkinabé, le lieutenant-colonel Isaac Zida, et le régiment qu’il souhaite dissoudre alors qu’il en est le numéro 2, la situation est tendue, ont indiqué le 4 février des sources sécuritaires. D’après ces mêmes sources le Premier ministre n’a pas pu se rendre au conseil des ministres hebdomadaire au palais présidentiel de Kosyam du fait d’un bras de fer qui oppose le chef du gouvernement à ces militaires. Les ministres ont donc attendu pendant une heure le chef du gouvernement avant finalement de s’en aller, précise une source de la présidence. À en croire de nombreux Burkinabés, la garde présidentielle constitue une question épineuse pour les autorités intérimaires, installées après la chute du président Blaise Compaoré en fin octobre, chassé par la rue après vingt-sept années de règne. Cela ne surprend personne lorsqu’on sait que ce régiment d’élite avait été pointé du doigt par Amnesty International en décembre pour son usage « excessif et létal » de la force durant les manifestations anti-Compaoré, de même que certains gendarmes et militaires. À travers le Burkina Faso, des organisations de la société civile n’ont, quant à elles, cessé d’élever leur voix pour demander la démantèlement du RSP. « Depuis le 30 décembre, les soldats du RSP ont saisi le Premier ministre pour qu’il leur dise clairement ce qu’il en est du RSP, dont il a annoncé publiquement la dissolution », a expliqué un responsable burkinabé proche du dossier. Le Premier ministre s’est déjà prononcé officiellement pour la dissolution du RSP. Il l’avait d’ailleurs dit, le 13 décembre, devant une foule réunie pour commémorer la mort du journaliste Norbert Zongo, assassiné en 1998 alors qu’il enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo, un chauffeur de François Compaoré, le frère de l’ex-président. Le 30 du même mois, des membres du RSP dont le général Gilbert Diendéré, ex-bras droit de Blaise Compaoré et ancien mentor d’Isaac Zida, n’avaient pas caché leur désapprobation concernant la dissolution du contingent. Selon des témoins, ils avaient pris à part le Premier ministre et l’avaient appelé à renoncer au démantèlement de la garde présidentielle. Rappelons que trois membres de la garde présidentielle avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour la mort de David Ouédraogo. L’un d’entre eux avait été inculpé pour le meurtre de Norbert Zongo mais il avait bénéficié d’un non-lieu. Nestor N'Gampoula |