Négociations interlibyennes: le Parlement de Tobrouk suspend sa participation

Depuis les élections législatives contestées de juin dernier, la Libye dispose de deux Parlements. Le Parlement sorti du scrutin dont le siège est à Tobrouk dans l’est du pays, est majoritairement composé des libéraux et progressistes. L’ancien Parlement composé des islamistes radicaux, quant à lui, a son siège dans la capitale Tripoli. Depuis, les institutions ont composé deux gouvernements parallèles.

En novembre, la mission de l’Organisation des Nations unies en Libye (Unsmil), avait initié un dialogue inclusif visant à rapprocher les différentes parties en conflit. Cette initiative, selon le diplomate onusien, Bernardo Leon mettra fin à l'anarchie qui affaiblit le pays depuis la chute du Guide libyen Mouammar Kadhafi. « L'Unsmil poursuivra ses efforts pour aider les Libyens à relever les défis qui minent leur transition et à construire un État fort et moderne », avait-il confié.

La décision des élus de Tobrouk remet en cause tout ce processus jusque-là supervisé par l’ONU. Les nouveaux élus libyens n’ont pas donné les raisons de cette suspension. Cependant, un député progressiste sous couvert de l’anonymat, a indiqué sur son Facebook sa crainte de voir la communauté internationale imposer des pressions pour intégrer des islamistes de Tripoli dans un futur gouvernement.

Il faut noter que, le contexte socio-politique et sécuritaire actuel en Libye, est particulièrement tendu. D’une part, les dernières discussions de janvier avaient déjà été très compliquées, puisque les autorités de Tripoli et celles de Tobrouk ne se sont presque pas parlées. Les émissaires onusiens étaient obligés de les placer dans deux salles séparément.

D’autre part, en dépit des difficultés à rassembler les deux parties en vue de  former un seul gouvernement, la Libye est plongée dans un chaos, avec pour illustration des attaques ponctuelles revendiquées par la branche libyenne de l’organisation Etat islamique (EI). Le 20 février dernier, deux explosions ont visé un commissariat de police et les environs du domicile du président du Parlement de Tobrouk, faisant au moins 31 morts et plus de 40 blessés.

La branche libyenne de l'EI a revendiqué l'attaque dans un communiqué publié sur son compte Twitter. « Les kamikazes ont tué et blessé des dizaines de personnes pour venger le sang de nos musulmans à Derna, une ville visée la semaine dernière par des raids aériens libyens et égyptiens. », a justifié les djihadistes de l’EI.

La Libye est plongée dans une anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi tué par les troupes de l’Otan en octobre 2011.