Publication : « Le compte à rebours », un ouvrage contre l’intégrismeJeudi 25 Juin 2015 - 16:32 Publiée par les éditions L’Harmattan Congo en mars 2015, cet ouvrage d’Ernest Bompoma Ikélé compte 154 pages. Il est préfacé par Richard Gérard Gambou (décédé il ya quelques mois). « Le compte à rebours » n’est pas un tract, encore moins une nouvelle provocation, comme d’aucuns pourraient le croire, a déclaré Jessy Loemba dans son analyse du livre. Ernest Bompoma ouvre son livre par un réquisitoire pathétique de Zambo, à la fois narrateur et personnage principal de l’œuvre. Natif du Septentrion, ce dernier évoque sa condition pitoyable « d’enfant venu des bas-fonds du pays » qui n’a découvert la ville qu’à la suite de son admission au Brevet d’études moyennes générales (BEMG). Ce dernier crie sa rage contre un gouvernement qui n’avait pas construit des lycées dans certains chefs-lieux de région. Devenu citadin par la force des choses et infirmier diplômé d’État régulièrement intégré à la Fonction publique, il est révolté et ne manque pas de mots durs à l’endroit des gouvernants qu’il tourne en dérision en les qualifiant de « diplômés de Lomonosov ». Révolté, il l'est aussi contre sa ville, Cefa. Une ville pourtant arrosée de plusieurs cours d’eau mais mal desservie en eau potable et en électricité, mal lotie, mal répartie, dépourvue de réglementation et mal administrée et, surtout, mal construite, avec ce que cela entraîne comme catastrophes écologiques, matérielles et humaines. Mais il y a plus. Zambo est confronté à un problème. Lui, le nordiste, habitant de surcroît la zone nord de la ville et parlant le langali (différent du lingala), doit aller travailler à un centre de santé intégré situé à quinze kilomètres de chez lui, dans la zone sud, où la langue parlée est le batouki (l'anagramme renseigne). Non seulement, Zambo n’a pas la maîtrise de cette langue, certains patients le jugeront d’ailleurs orgueilleux. Conséquence, il n’est pas accepté par ces derniers. « Mes ennuis n’étaient qu’au début quand il fallait ajouter à cette situation malheureuse mon déplacement de l’arrondissement où je logeais, le neuvième de la ville, pour mon lieu de travail séparés de quinze kilomètres (…). L’État, toujours lui, dans ses multiples incapacités et les mauvais calculs de ceux qui par la ruse s’étaient acheté une place au soleil, n’avait jamais pensé mettre à la disposition des populations des moyens de transport en commun dignes pour faciliter leurs mouvements dans la ville », lit-on à la page 19. Le Compte à rebours c’est donc l’histoire qui s’est chargé d’amener Zambo à s’ouvrir, lui qui hier encore était enfermé dans ses propres certitudes, lui qui était recroquevillé sur lui-même, sur sa tribu, sa communauté, son patois ou son idiome. En un mot, Zambo a, au fil du temps, réalise l’absurde de la vie à travers les clivages nord-sud, « langali et batouki », et il a compris le danger représenté par le repli identitaire, une antivaleur à bouter coûte que coûte des sociétés modernes. Pourtant, cet ouvrage d’Ernest Bompoma Ikélé ne parle pas que de l’intégrisme. Il y a bien d’autres antivaleurs qui sont traitées dans cet ouvrage et contre lesquelles Zambo, en véritable redresseur de torts, fait feu de tout bois, avec les moyens qui sont les siens. On peut, par exemple, citer le phénomène de la mort qui divise, de manière incompréhensible, les familles. Car, dans les sociétés actuelles, plus personne ne croit en une mort naturelle, toute mort a nécessairement un bouc-émissaire. À lire... Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photo 1: Ernest Bompoma Ikélé, répondant à une question du public
Photo 2 : Ernest Bompoma Ikélé, dédicaçant son livre
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